vendredi, décembre 27, 2024
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Mali: "On ne peut pas vivre sans Arabes et Touareg", selon le maire de Tombouctou

Mali:
Le maire de Tombouctou, cité emblématique du Nord du Mali, reprise par les soldats français et maliens aux groupes armés qui l’occupaient, en est persuadé: « On ne peut pas vivre sans les Arabes et les Touareg », en fuite car accusés d’avoir soutenu les islamistes.
Les deux ethnies, surnommées « peaux blanches » par la population noire majoritaire, ont déguerpi face à l’avancée des militaires, craignant des mesures de rétorsion. Le président Dioncounda Traoré a certes promis qu’il n’y aurait pas de « représailles », mais des pillages visant ces communautés ont eu lieu, notamment à Tombouctou, et des ONG ont fait état d’exécutions sommaires.
Les islamistes étaient majoritairement des Arabes et des Touareg, explique le maire, Hallé Ousmane Cissé: « ils avaient recruté beaucoup de +peaux blanches+ et aussi quelques Noirs ».

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« Ce sont nos frères avec lesquels nous cohabitions qui ont fait la sale besogne », constate tristement l’élu, resté pendant la quasi-totalité des longs mois d’occupation à Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako), « jusqu’au 2 janvier ».
« C’était vraiment le calvaire », assure-t-il, « on ne peut pas vraiment décrire comment la population a eu à souffrir », châtiments corporels, interdictions multiples, mausolées de saints musulmans détruits…
Les femmes ont particulièrement souffert: impossible de sortir sans être intégralement voilées, sinon « elles étaient emprisonnées une semaine, deux semaines, battues (…) et subissaient des viols à chaque fois », explique le maire, évoquant « des dizaines de viols ».
« La nuit, quand (les islamistes) surprenaient une fille et un garçon, ils battaient le garçon et violaient la fille », raconte-t-il.
Peu avant l’arrivée des militaires français et maliens, le 28 janvier, « les Arabes et les Touareg ont fui d’ici. Eux n’ont pas subi ces humiliations, ces amputations, eux n’ont pas été chicottés! » (fouettés), souligne-t-il.
« Tout est à refaire »

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Selon une source médicale, une amputation et une exécution publiques ont eu lieu à Tombouctou sous le règne des « fous de Dieu ».
La haine a rejailli mardi, lorsque des centaines de personnes ont pillé des magasins appartenant à des Arabes, des « terroristes » qu’il faut « tuer », assuraient les vandales.
« C’est vraiment dommage… », commence M. Cissé. « On ne sait pas ce qu’il faut dire entre ces pillages et ce qu’on a trouvé à l’intérieur de ces maisons (…). Il y avait des munitions, des armes. Qu’est-ce que des armes et des munitions font dans des boutiques? »
Malgré l’amertume, il s’efforce de penser à l’avenir: « Ma mission, en tant qu’élu, est de sensibiliser à beaucoup de retenue, à pardonner. Nous devons cohabiter dans la paix ».
Et « c’est aujourd’hui qu’il faut mettre les gens à l’épreuve, aujourd’hui qu’on saura vraiment qui est quoi. On ne peut pas vivre les uns sans les autres », martèle-t-il.
Le sexagénaire tique lorsqu’on lui parle de haine ethnique: « Il ne faut pas trop se fier aux déclarations de la jeunesse » – la majorité des pillards -, « c’est à nous de l’encadrer ».
« Je ne dis pas qu’il n’y aura pas de débordements », poursuit-il, mais « il faut sensibiliser quartier par quartier. Je sais qu’on ne peut pas vivre sans les Arabes et les Touareg ».
La tâche s’annonce rude, car par ailleurs, « tout est à refaire »: réseau d’eau et d’électricité sabotés, écoles tout juste rouvertes après 10 mois de fermeture, « toute l’économie de la ville détruite, pas de commerces »…
« Même si on avait l’administration aujourd’hui, elle ne serait pas fonctionnelle, tout est brûlé, parti. Je suis maire, je n’ai pas une chaise, un ordinateur », déplore-t-il.
De fait, la mairie est dévastée, portes, vitres et meubles brisés, a constaté un journaliste de l’AFP.
« C’est la catastrophe », résume le maire, mais maintenant que les jihadistes sont partis, « cette liberté n’a pas de prix (…). S’il plaît à Dieu, nous allons reprendre notre histoire ». 

AFP 

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