Le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly a plaidé lundi pour que l’opération militaire au Mali aille « jusqu’au bout » afin de « détruire les réseaux terroristes », tout en se montrant dubitatif sur le déploiement de Casques bleus souhaité par Paris et Washington.
« Il faut mener cette opération jusqu’au bout et détruire les réseaux terroristes qui sont au Mali », a déclaré Tiéman Coulibaly dans un entretien avec l’AFP. « L’Etat malien souhaite que la France aille au bout de sa mission qui est d’aider à la restauration de l’intégrité territoriale du Mali ». « Il faut aller au bout », a-t-il insisté à plusieurs reprises. « C’est ce que nous attendons de la France et c’est ce que la France a décidé de faire ».
Selon le ministre malien, après les grandes villes de Gao et Tombouctou, la ville de Kidal n’est « pas loin d’être libérée ».
« Il y a eu des opérations aériennes dont les objectifs principaux étaient la destruction des dépôts logistiques, d’un certain nombre d’infrastructures des groupes terroristes. Il s’agit en réalité de préparer le terrain à l’avancée de la Misma (force interafricaine autorisée par l’ONU) et des troupes maliennes au sol », a-t-il dit.
Selon lui, des troupes maliennes mais aussi tchadiennes sont déjà présentes à Kidal. Il a d’ailleurs rendu un hommage appuyé au Tchad qui a décidé d’envoyer 2.000 hommes au Mali. « Ce qu’a fait (le président tchadien) Idriss Déby est extraordinaire », a estimé M. Coulibaly, soulignant que « c’est son fils (le général Mahamat Idriss Déby Itno) qui commande les forces tchadiennes au sol ».
Des Casques bleus, pour quoi faire ?
Interrogé sur l’éventualité d’une transformation de la Misma en une force onusienne de maintien de la paix, le chef de la diplomatie malienne s’est montré circonspect: « Il faut définir le mandat. (…) C’est une question fondamentale. +Maintien de la paix+ pour quel objectif ? ».
« Aujourd’hui, nous combattons le terrorisme. La Misma est une mission d’assistance au Mali. Si elle doit être transformée en force de maintien de la paix, il faut définir entre qui et qui. Maintenir la paix entre le Mali et des terroristes ? non. Et des négociations avec des terroristes sont hors de question », a-t-il dit.
« Il faut évaluer les autres opérations de maintien de la paix à travers le monde pour en déceler les avantages et les aspects un peu plus discutables ».
Interrogé sur les exactions imputées à l’armée malienne par des ONG, notamment Amnesty international, il a affirmé que « bien sûr, une enquête a été ouverte ».
Il a également rappelé que l’Union européenne allait « apporter une aide considérable en ce qui concerne la formation » de l’armée malienne, « y compris sur des aspects éthiques et moraux de manière à ce que notre armée fasse son travail en agissant comme une armée républicaine, respectueuse des droits de l’homme et des règles d’engagement ».
Il a aussi souhaité que des enquêtes soient ouvertes sur les exactions commises dans le Nord par les islamistes armés ou les rebelles touareg.
« Tous ceux qui ont commis des crimes devront en répondre, le prix de la réconciliation, c’est aussi la justice », a-t-il dit.
Le ministre malien a par ailleurs assuré que le processus de dialogue politique intermalien se poursuivait, conformément à la feuille de route adoptée fin janvier par le Parlement, et qui prévoit l’organisation d’élections générales avant la fin juillet.
« La commission nationale de réconciliation sera bientôt mise sur pied », a-t-il affirmé. « Dans tous les cas, les Maliens doivent trouver les moyens de se parler, évidemment dans les limites que nous avons définies depuis plusieurs mois, à savoir que l’intégrité du territoire n’est pas négociable, le caractère laïque de l’Etat n’est pas négociable, et l’unicité de la Nation n’est pas négociable ».
Il a insisté sur le fait que le dialogue serait mené avec « toutes les composantes » de la société malienne, soulignant que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) « ne représente pas à lui seul les intérêts du Nord du Mali » où, a-t-il rappelé, « les touareg sont minoritaires ».
AFP