lundi, décembre 30, 2024
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Les Eglises évangéliques, dure concurrence pour les catholiques en Angola

Les Eglises évangéliques, dure concurrence pour les catholiques en Angola
Les Eglises évangéliques connaissent un succès croissant en Angola, offrant réconfort et promesse de prospérité aux laissés pour compte d’un pays en développement où la manne pétrolière ne profite qu’à une minorité.
Au point qu’une veillée de Nouvel an dans un stade de Luanda a tourné à la bousculade tragique, faisant 16 morts parmi les fidèles, poussant le pouvoir à suspendre l’Eglise organisatrice du rassemblement.
Si la très grande majorité des 20 millions d’habitants se disent catholiques, héritage de la colonisation, ces Eglises évangéliques drainent des centaines de milliers de fidèles et bâtissent des cathédrales géantes. Une évolution déjà constatée en Amérique latine.
« Ce sont les Eglises récentes, comme les pentecôtistes, qui rencontrent le plus franc succès parce qu’elles associent développement spirituel et prospérité personnelle », explique José Evaristo Abias, pasteur et professeur à l’Institut théologique supérieur de Lubango, au sud de l’Angola.
Dans leurs prêches, les prêtres assurent aux fidèles que la richesse est un don de Dieu, qui survient lorsque les croyants travaillent à leur développement personnel, spirituel et social.
Le discours fait rêver une population angolaise peu éduquée, dont la majorité vit toujours avec moins de 2 dollars par jour, malgré le fort taux de croissance de ces dix dernières années.
« Je suis issue d’une famille catholique et j’y ai fait baptiser mes enfants. Mais je ne suis bien qu’avec l’Eglise universelle du Royaume de Dieu. Elle seule m’épaule vraiment face aux difficultés de la vie, comme la séparation avec mon mari », confie Gena Marcos, 40 ans, rencontrée dans un des temples luandais du mouvement.
« Le pasteur ne fait pas de grands discours, il prend la Bible chapitre par chapitre et la lit pour en tirer une ligne de conduite. Cela m’aide psychologiquement mais aussi pour éduquer mes enfants », explique cette croyante.
« Les gens sont à la recherche de raisons d’espérer et les Eglises évangéliques, avec leurs prêches dynamiques, leurs célébrations joyeuses, apportent des solutions nouvelles », analyse Siona Casimiro, rédacteur en chef du journal catholique O Apostolado.
« Je ne peux pas leur donner de l’argent chaque mois, mais j’essaie de le faire le plus souvent possible, pour contribuer à son développement, acheter des chaises et des livres », explique Gena.
Ce fonctionnement incite à se prendre en main et encourage le civisme, estiment certains observateurs.
D’autres y voient manipulation et embrigadement dignes de sectes, au profit de l’enrichissement des pasteurs ou des mouvements.
Bousculade mortelle
« Nos détracteurs sont des gens opposés à la religion en général, qui ont des préjugés sur l’Eglise. Nous les invitons à respecter la liberté de culte inscrite dans la Constitution angolaise », répond Joao Antonio Bartolomeu, l’un des dirigeants de l’Eglise universelle du Royaume de Dieu.
Venu du Brésil, ce mouvement revendique 400.000 fidèles en Angola et en a rassemblé près de 200.000 dans un stade de Luanda lors d’une veillée de prière le 31 décembre dernier. L’affluence a provoqué une bousculade mortelle, provoquant une vive émotion dans le pays.
Pointant de graves négligences dans l’organisation de l’événement, le gouvernement a suspendu le mouvement pendant 60 jours, avec six autres églises pentecôtistes aux pratiques proches du mouvement brésilien.

Les Eglises évangéliques, dure concurrence pour les catholiques en Angola
Un autre mouvement évangélique, l’Eglise Notre Seigneur Jésus Christ dans le Monde revendique 800.000 fidèles en Angola, où il est né. Symbole de sa réussite, il a inauguré en août dernier une gigantesque cathédrale, pouvant accueillir près de 20.000 personnes dans un quartier populaire de Luanda.
« Nous proposons plusieurs cultes par semaine, des cours, des formations et nous réalisons des actions sociales dans les quartiers à destination des jeunes, des enfants, des femmes », explique le pasteur Antonio Domingos Cabral, membre de sa direction.
« Ces Eglises développent aussi leurs propres entreprises, notamment des conglomérats dans les médias, ce qui leur permet de créer de l’emploi et d’avoir des revenus », souligne José Evaristo Abias.
Autre atout, certaines de ces Eglises comptent parmi leurs membres des personnalités politiques de haut rang.
Ces mouvements évangéliques issus du protestantisme gagnent du terrain face à une Eglise catholique vieillissante, qui semble coupée des préoccupations de la population et a du mal à conserver son influence passée auprès du pouvoir.
L’Eglise catholique n’est pas loin d’y voir de faux prophètes: « ces Eglises attirent car elles promettent beaucoup. Mais elles font aussi beaucoup de déçus et, lorsque les promesses ne se réalisent pas, les gens reviennent dans nos églises », assure le prêtre catholique Queiros Figueira, du diocèse de Viana, quartier au sud-est de Luanda. 

AFP 

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