Et de trois ! Le Nigeria de Stephen Keshi a décroché son troisième titre de champion d’Afrique et retrouvé son rang du début des années 1990 en battant en finale de la CAN-2013 le Burkina Faso, équipe surprise du tournoi, dimanche à Johannesburg.
Les Nigérians, qui succèdent à la Zambie et disputeront leur première Coupe des Confédérations (15-30 juin au Brésil), renouent avec une histoire glorieuse, celle des titres de 1980 et surtout 1994, lorsque les Eagles étaient devenus les Super Eagles à la faveur du titre continental et d’une première participation à une Coupe du monde.
C’était alors la génération en or des Okocha, Amokachi, Yekini, et… Stephen Keshi, actuel sélectionneur et qui a donc remporté la CAN comme joueur et entraîneur, le seul dans ce cas avec l’Egyptien Mahmoud El Gohary.
Une beau come-back pour le « Big Boss » à l’aura écornée par des expériences mitigées au Togo et au Mali, et d’autant plus savoureux qu’en dépit de son pedigree et de son record de population en Afrique (162 millions d’habitants), le Nigeria avait abordé cette CAN-2013, pour une fois, en outsider, après avoir été absent de l’édition précédente.
L’équipe, délestée de monstres sacrés (Odemwingie, Martins), se présentait comme un amalgame entre joueurs du cru (Oboabona, Mba), jeunes qui montent en Europe (Moses, Emenike) et expatriés chevronnés (Obi Mikel, Enyeama).
Et comme un symbole de la patte Keshi, c’est le milieu inconnu, Mba, déjà auteur du but décisif contre la Côte d’Ivoire en quart (2-1), qui a matérialisé la victoire finale d’un superbe enchaînement: coup du sombrero pied droit sur Koffi et reprise lobée pied gauche venant se déposer dans le petit filet opposé, sous les yeux d’un Diakité statufié dans la cage burkinabè (40e, 1-0).
Le Nigeria a confirmé dimanche la puissance souveraine qu’il dégageait au fil des matches à élimination directe. Il n’avait guère brillé au premier tour, avec des nuls contre le Burkina et la Zambie (1-1) et une victoire sur l’Ethiopie arrachée in extremis sur deux penalties (2-0). Puis était singulièrement monté en régime en battant le favori ivoirien (2-1) avant de souffleter le Mali en demi-finale (4-1).
Le Burkina, qui avait joué deux prolongations en quart (1-0 a.p. contre le Togo) et en demi-finale (1-1 a.p., 3-2 t.a.b. face au Ghana), n’avait plus vraiment de jus. Vendredi à l’entraînement, « c’est vrai que tout le monde avait les jambes lourdes », avait relevé son sélectionneur Paul Put, en pestant contre la dizaine d’heures passées la veille à l’aéroport de Nelspruit.
Et le Nigeria, au gré d’un rythme assez lent et dans une partie peu spectaculaire, n’a donc pas eu à forcer, tant il a étouffé les Etalons, qui ne se sont révoltés que dans la dernière demi-heure seulement, à l’image de ce tir de Sanou rasant le montant (74e).
De bien inoffensifs Etalons: Pitroipa était sur le terrain, autorisé à jouer après la levée de son carton rouge injustement reçu en demi-finale, mais il n’était pas vraiment là, transparent et producteur d’un rare déchet technique. Et les tentatives de Bancé n’ont jamais inquiété Enyeama (25e, 28e, 59e).
Et tant pis pour le Nigeria s’il fallait faire sans Emenike (touché à une cuisse en demi-finale et forfait dimanche), le meilleur buteur du tournoi à égalité avec le Ghanéen Wakaso (4 buts), et que son remplaçant Uche n’a rien fait, lui-même remplacé dès la 48e minute.
Peu importe le caractère chiche des situations nigérianes, avec cette frappe excentrée d’Ideye et détournée par Diakité comme seule occasion nette (48e). Moses s’est démené, mais sans précision dans le dernier geste, là où Obi Mikel au milieu était précieux. Ideye et Musa n’ont pas davantage été tranchants. Mais le milieu et la défense nigérians étaient supérieurs.
Les Super Eagles avaient pris le match dans leurs serres. Et ainsi le trophée, direction Lagos.
AFP