La Tunisie a « absorbé le choc » de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, estime son président Moncef Marzouki dans un entretien au journal français Le Figaro publié jeudi, plaidant, par ailleurs, pour une Constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels.
« Je vois – c’est un simple constat – que nous passons cette épreuve sans trop de dommages », a déclaré M. Marzouki au sujet de l’assassinat le 6 février à Tunis de Chokri Belaïd, figure de l’opposition de gauche, critique du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda.
« Le pays n’est ni à feu ni à sang! Il n’y a pas un seul mort, pas un seul blessé, je touche du bois. Le pays est resté calme dans l’ensemble, même les contre-manifestations se sont déroulées calmement. Nous avons absorbé le choc », a ajouté le président tunisien.
Interrogé sur la future Constitution, il s’est dit pour un « régime mixte », « parce que la Tunisie a beaucoup souffert de la dictature et il s’agit de lui donner un régime qui empêche tout retour à la dictature ou à un Premier ministre trop dur ».
« Le prochain président de la République ne doit pas faire plus de deux mandats, il ne doit pas avoir d’immunité une fois que son travail est fini, et il doit être capable d’être destitué comme aux Etats-Unis par une procédure d’empeachment », a-t-il développé.
Issu d’un parti de gauche laïque, M. Marzouki a par ailleurs mis en garde contre l’emploi du mot « islamiste » au sujet du parti Ennahda au pouvoir: « Je vois les journaux français parler des +islamistes+ qui gouvernent la Tunisie, et utiliser le même mot pour parler des insurgés du Mali c’est un abus de langage! ».
« Si, moi, j’ai un souci avec Ennahda, ce n’est pas parce que c’est un parti islamiste, mais parce que c’est un parti conservateur », a-t-il ajouté. « Ils font partie du paysage politique, ils sont passés devant le peuple, ils ont été élus », a-t-il rappelé.
AFP