Le groupe de sahraouis jugé par la cour militaire de Rabat a été condamné dans la nuit de samedi à dimanche à des peines allant de deux ans à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de membres des forces de l’ordre lors du démantèlement du camp contestataire de Gdim Izik, fin 2010.
Parmi les 24 accusés présents, qui risquaient la peine de mort pour « constitution de bandes criminelles, violences sur des forces de l’ordre ayant entraîné la mort avec préméditation et mutilation de cadavres », huit ont été condamnés à perpétuité et quatre à 30 ans d’emprisonnement, selon l’agence MAP.
Dix autres se sont vu infliger des peines de 20 à 25 ans. Les deux derniers ont écopé de deux ans, déjà purgés dans le cadre de leur détention préventive.
Par ailleurs, d’après la même source, une 25e personne, jugée par contumace, a également été condamnée à perpétuité.
Reporté à plusieurs reprises, le procès s’était ouvert le 1er février et était suivi par plusieurs dizaines d’observateurs internationaux, en raison de la sensibilité de la question du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole contrôlée par le Maroc mais revendiquée par des indépendantistes.
La cour militaire a rendu son jugement tard dans la nuit, après s’être retirée pour délibérer dans l’après-midi de samedi. Auparavant, elle avait entendu une dernier fois les accusés présents.
Vendredi, le parquet général avait requis « des peines à la mesure de la gravité des faits », tandis que la défense avait plaidé l’acquittement estimant que le procès était « sans fondement juridique ».
A l’aube du 8 novembre 2010, les forces de l’ordre étaient intervenues à Gdim Izik pour démanteler un campement de milliers de sahraouis protestant contre les conditions de vie. Il comptait alors, selon l’ONU, jusqu’à 3.000 tentes.
Cette intervention avait dégénéré en violents affrontements puis en une émeute à Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental, où des administrations et commerces avaient été incendiés. Selon Rabat, 11 membres des forces de l’ordre avaient été tués et plusieurs dizaines d’autres blessés.
Des manifestations rivales ont eu lieu durant le procès devant le tribunal, où la situation est restée calme samedi soir selon un photographe de l’AFP. Après l’énoncé du verdict, certaines familles des membres des forces de l’ordre tués, qui réclamaient justice et rejetaient toute instrumentalisation politique, ont exprimé leur satisfaction, d’après la même source.
Ces 15 derniers jours, des militants pro-sahraouis avaient quant à eux manifesté pour dénoncer –au même titre qu’Amnesty International– le recours à la justice militaire, mais aussi des « actes de torture » contre les accusés.
La défense avait, lors de la deuxième audience, déposé un recours contre ce jugement par une juridiction militaire, mais la requête avait été rejetée par la cour en « l’absence de bases juridiques ».
Dans un pré-rapport publié vendredi, le conseil national des droits de l’Homme (CNDH, officiel) a évoqué le « bon déroulement » du procès. Il a été marqué « par le respect des procédures » existantes et s’est ainsi « déroulé de manière plutôt satisfaisante sur le plan formel », a affirmé à l’AFP le président du CNDH, Driss El-Yazami.
AFP