Le ministre rwandais de l’Economie et des Finances, John Rwangombwa, et le gouverneur de la Banque centrale de ce pays des Grands Lacs, Claver Gatete, ont échangé leurs postes dans le cadre d’un léger remaniement ministériel, selon un communiqué officiel reçu mardi.
M. Gatete était à la tête de la Banque centrale depuis mai 2011. Il avait auparavant été ambassadeur à Londres, de 2005 à 2009. M. Rwangombwa était lui ministre des Finances depuis décembre 2009.
Le gouvernement n’a donné aucune explication officielle à ce remaniement ministériel, qui concerne aussi le portefeuille des Infrastructures, celui des Réfugiés et de la Gestion des crises et voit la création d’un poste de secrétaire d’Etat aux Mines auprès du ministre des Ressources naturelles.
Selon un diplomate dans la région, ce remaniement est avant tout « technique » et vise à régler les problèmes liés à la récente suspension des aides budgétaires par les partenaires occidentaux et à préparer la stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté du Rwanda.
Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, les Etats-Unis, la Suède, l’Allemagne et la Belgique ont successivement gelé en 2012 une partie de leur aide financière ou militaire au Rwanda, accusé de soutenir une mutinerie dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.
Kigali, qui nie tout soutien à ces rebelles regroupés au sein du mouvement M23, a lancé en août un fonds de développement alimenté par des dons de la population rwandaise, de la société civile, des entreprises et de la diaspora, pour permettre au pays d’être plus autonome vis-à-vis de l’aide étrangère.
« John Rwangombwa, un technicien, est le meilleur pour gérer l’inflation, la masse monétaire et le prochain lancement d’un emprunt obligataire », a expliqué ce diplomate à l’AFP. Sa nomination à la tête de la Banque centrale n’est « pas une sanction, c’est au contraire une marque de confiance », a-t-il ajouté.
Claver Gatete, « est un diplomate (…) une personne du cercle rapproché du président (Paul Kagame) et qui sera en relation avec les bailleurs de fonds » à son nouveau poste ministériel, a-t-il poursuivi.
« S’il n’y a pas de reprise des aides budgétaires, il pourrait y avoir une réelle baisse de la croissance », a estimé ce diplomate, rappelant que des projets gouvernementaux avaient d’ores et déjà été affectés par le gel des aides, notamment dans le secteur de l’éducation.
Mi-février, M. Gatete avait annoncé, citant des chiffres encore provisoires, une croissance économique prévue de 7,7% au Rwanda en 2012 et une hausse des prix, en glissement annuel, de 3,9% en décembre.
Il n’avait pas donné de chiffre pour l’inflation sur l’ensemble de 2012. Dans une estimation d’octobre, le Fonds monétaire international (FMI) tablait lui sur 7%.
AFP