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Tchad, la présence militaire française en question

Tchad, la présence militaire française en question
A N’Djamena, accolée à l’aéroport, la base française et ses 780 hommes, auxquels s’en ajoutent 140 à Abéché (est) et une vingtaine à Faya (nord), fait partie du décor. L’opération Epervier a été lancée en 1986 sous le régime d’Hissène Habré qui était alors menacé par un conflit avec la Libye et ses avions TU-22 à portée de bombardement de la capitale.
Pourtant, il y a un an, alors qu’il se débarrassait de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat, force onusienne), le président Idriss Deby Itno (venu au pouvoir en 1990 par la force), avait semblé remettre en cause la présence militaire française en réclamant notamment un loyer, faute de quoi il n’empêcherait "pas Epervier de partir".
Selon l’opposant Saleh Kebzabo, il s’agissait avant tout d’une annonce de politique intérieure destinée à satisfaire "une frange de Tchadiens" hostiles à Epervier.
Le président Deby peut s’appuyer sur une "situation militaire favorable" avec une armée bien équipée (grâce à la pleine exploitation de son pétrole brut dont les premiers barils sont sortis en 2003) et sur son récent rapprochement avec le Soudan voisin avec qui il menait une guerre par rébellions interposées, analyse-t-il.
En janvier, Alain Juppé, alors ministre français de la Défense, s’était d’abord dit prêt à faire "évoluer" le dispositif. En juillet, devenu ministre des Affaires étrangères, il a enfoncé le clou, estimant que la présence d’un millier d’hommes pour Epervier "ne se justifie pas".
Le Quai d’Orsay avait ensuite nuancé, précisant qu’une "réflexion est en cours".
"Pas besoin d’être un grand stratège pour savoir qu’il y a des choses qui peuvent nous intéresser", explique le commandant d’Epervier, le colonel Bruno Maigret: "Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, signalé dans la bande sahélienne de la Mauritanie au Niger voisin) pose un problème. Pour l’instant on n’a pas de signes (de présence d’Aqmi au Tchad), mais il n’y a aucun raison qu’on n’ait pas une tentative de déplacement".
"Il va y avoir des discussions au plus haut niveau politique (…) je pense, courant septembre", ajoute-t-il.
Le colonel Maigret martèle que "le Tchad est un pays souverain. (…) On n’est pas une armée colonialiste".
Toutefois, M. Kebzabo estime qu’une "présence étrangère" est "anachronique". Selon lui, le régime qui a subi les coups de boutoir de raids rebelles jusqu’en 2009 s’est "maintenu" au pouvoir "grâce à Epervier".
"On sait que la situation est précaire: le Soudan peut ne pas jouer (le jeu du récent rapprochement), le Sud-Soudan, la Libye… Tout ça peut évoluer en défaveur du Tchad et dans ce cas là, qu’est-ce que (Deby) va faire? Il va rappeler encore les troupes françaises?", interroge-t-il.
Un des principaux chefs rebelles Mahamat Nouri, qui avait conduit l’attaque jusqu’aux portes du palais présidentiel de février 2008, souligne lui "sans doute serait-on (la rébellion) au pouvoir sans les militaires français" qui occupent les aéroports, protégeant de fait l’aviation et notamment les hélicoptères des forces régulières.
"Il faut que la France lâche Deby. Il ne faut pas qu’ils (militaires français) restent au Tchad", clame-t-il.
Le parti de l’Action tchadienne pour l’unité et le socialisme assure que les Tchadiens n’exprimeraient "aucun regret pour l’hypothétique retrait des troupes françaises", considérées comme un "parapluie de la tyrannie au Tchad".
L’universitaire Ali Abderhamane Haggar est plus nuancé affirmant qu’Epervier "a permis le renforcement de la stabilité et d’éviter l’effritement de l’Etat tchadien. (…) On a besoin d’Epervier encore, jusqu’à ce que des alternances (politiques) se mettent en place".

Diasporas-News — AFP

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