Les indépendantistes du Parti québécois (PQ) ont remporté mardi les élections législatives, mais leur victoire a été assombrie par un attentat qui a fait un mort par balle à Montréal lors du discours de victoire de la nouvelle Première ministre, Pauline Marois.
L’auteur des coups de feu – qui a blessé grièvement un autre homme dans le vestibule à l’arrière de la salle de concert, où le PQ célébrait sa victoire – a tenté aussi d’y mettre le feu, avant d’être arrêté par la police qui a saisi « plus d’une » arme à feu.
Filmé au moment de son interpellation, ce quinquagénaire a crié, avec un fort accent anglais: « Les Anglais se réveillent ».
Il a ajouté en anglais, selon des journalistes canadiens sur place: « On va vous rendre la monnaie de votre pièce ».
L’incident a interrompu le discours de victoire de Mme Marois que ses gardes du corps ont évacuée en quelques secondes du podium de la salle de concert, le Metropolis.
Cet incident est survenu au moment où Mme Marois venait de déclarer que « l’avenir du Québec, c’est de devenir un pays souverain ».
Certains membres de la communauté anglophone du Québec craignent que l’arrivée au pouvoir des indépendantistes ne puisse avoir un impact négatif sur leur statut.
Après une interruption de quelques minutes, Mme Marois est revenue sur le podium pour calmer le public et conclure rapidement son discours, alors que la confusion et la tristesse ont succédé à la liesse ayant régné pendant la première partie de la soirée.
Dans la première partie de son allocution, Mme Marois avait lancé un appel au rassemblement, s’adressant également à l’opposition: « Demain matin, nous aurons tous à travailler les uns avec les autres. Nous allons travailler tous les uns avec les autres pour servir les Québécois et les Québécoises ».
A Ottawa, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, a salué l’élection de Mme Marois, tout en critiquant ses visées indépendantistes. « Nous ne croyons pas que les Québécois veuillent rouvrir les vieilles chicanes (disputes) constitutionnelles du passé », a déclaré le dirigeant conservateur.
Marge de manoeuvre limitée
Le PQ reprend le pouvoir à la tête de la province francophone après une éclipse de neuf ans, et Mme Marois devient la première femme chef de gouvernement de l’histoire de la Belle province.
Elle devra diriger un gouvernement minoritaire, sans pouvoir s’appuyer sur une majorité parlementaire. Pour y parvenir, elle devrait avoir au moins 63 députés dans une assemblée comptant 125 membres.
Selon les dernières projections, les indépendantistes et les libéraux sont presque à égalité en nombre de voix, obtenant entre 31% et 32% des suffrages.
Mais, en raison du système uninominal majoritaire à un tour, le PQ obtient 54 sièges, le Parti libéral du Premier ministre sortant Jean Charest en a 50, et la Coalition Avenir Québec de François Legault 19. Les deux sièges restants vont aux animateurs d’un petit parti souverainiste de gauche, Québec solidaire.
Les électeurs québécois étaient animés par un fort désir d’alternance, au point de donner au scrutin des allures de référendum contre Jean Charest.
Le Premier ministre sortant, battu dans son fief de Sherbrooke où il était élu depuis 28 ans, a déclaré « assumer la responsabilité du résultat de ce soir ».
Mais il a laissé entendre qu’il pourrait ne pas démissionner de la direction du parti, contrairement aux prévisions de plusieurs politologues.
« Je vous dis qu’il y aura d’autres rendez-vous. Nous avons du travail à terminer », a-t-il lancé.
AFP