Bamako et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont peaufiné lundi les modalités du déploiement d’une force africaine au Mali pour combattre « en appui des soldats maliens » les islamistes armés qui tiennent le nord du pays.
Bamako a parallèlement demandés une résolution du Conseil de sécurité autorisant « l’intervention d’une force militaire internationale afin d’aider l’armée malienne à reconquérir les régions du Nord occupées », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Cette demande a été faite par le président malien Dioncounda Traoré et son Premier ministre Cheikh Modibo Diarra dans une lettre adressée au secrétaire général de Nations unies Ban K-Moon, a précisé M. Fabius.
L’AFP a pu consulter le texte résumant l’accord conclu durant le week-end entre la Cédéao et Bamako, après de longues tractations.
Principal point de l’accord, « les troupes de la Cédéao appuieront les troupes maliennes » dans « les opérations sur le terrain au nord » du pays, indique ce document.
L’accord entérine ensuite un soutien matériel, notamment aérien, par le Nigeria, la France « et d’autres pays de la communauté internationale dotés de ces moyens ».
« Tout s’est accéléré ces derniers jours parce que nous voulons tout faire pour qu’un plan clair soit présenté le 26 septembre (mercredi à l’ONU) à New York », a expliqué une source à la présidence malienne.
La France, qui promet depuis des mois son « appui logistique » à une telle intervention, a salué cet « accord » comme une « étape importante pour répondre aux précisions demandées par le Conseil de sécurité » des Nations unies.
« Je pense qu’on va dans le bon sens. Pour la première fois il y a une espérance qui se lève », a estimé M. Fabius.
« Une demande a été faite pour que le Conseil de sécurité des Nations unies bâtisse un plan où il y aura à la fois des Maliens, des forces africaines voisines, et si c’est nécessaire, d’autres forces d’appui », a déclaré M. Fabius en marge de l’Assemblée générale de l’ONU qui s’ouvre mardi à New York.
Il a réaffirmé que la France ne serait « pas en première ligne » dans cette opération, excluant la présence de toute troupe française au sol. « Si on doit faciliter les choses, on le fera », a-t-il cependant ajouté.
Cette intervention suscite l’opposition et les pays africains prêts à y contribuer ne sont pas nombreux. Sénégal, Mauritanie et Ghana ont déclaré forfait. La Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Burkina Faso pourraient y participer.
Selon M. Fabius, « le gouvernement du Mali souhaite la présence immédiate de cette force » et a saisi l’ONU « dans des conditions très claires et précises ».
Fin d’un bras de fer
Dans la foulée du coup d’Etat qui avait renversé en mars le président Amadou Toumani Touré, tout le nord du Mali est passé sous le contrôle de groupes islamistes armés alliés à la branche maghrébine d’Al-Qaïda, qui commettent des exactions et imposent leur interprétation de la loi islamique (charia).
Début septembre, le président par intérim Dioncounda Traoré avait officiellement demandé son aide à l’Afrique de l’Ouest. Mais la Cédéao s’était irritée de certaines conditions posées par Bamako.
« On va vers la fin d’un bras de fer entre la Cédéao et le Mali. Il y a eu des compromis de part et d’autre. Mais la Cédéao reste en position de force », a déclaré un responsable du ministère malien de la Défense.
La Cédéao insistait pour baser cette mission dans la capitale malienne et a obtenu gain de cause: « Il est acquis que la Micéma (Mission de la Cédéao au Mali), puisse avoir sa base à Bamako ou dans sa plus proche périphérie », indique l’accord. Et la localité de Koulikoro (à 60 km de Bamako) a été « proposée par le Mali pour accueillir les troupes de la Cédéao qui doivent s’installer au sud », précise le texte.
Les rebelles touareg veulent négocier
Dans les tractations pour parvenir à un accord, Bamako aurait demandé à la Cédéao de débloquer des armes commandées par le régime du président Amadou Toumani Touré avant le coup d’Etat, et qui avaient été gardées ensuite dans des ports africains. « La Cédéao pourrait débloquer notamment une vingtaine de chars qui sont sur un navire au large de Conakry », selon un responsable malien de la Défense.
Par ailleurs, les indépendantistes touareg qui avaient participé à la conquête des localités du nord du Mali avant d’en être évincés par leurs éphémères alliés islamistes, ont exigé lundi que Bamako ouvre des négociations.
« Nous mettons en garde contre toute intervention militaire dans l’Azawad (nord du Mali) sans qu’un accord ne soit trouvé au préalable entre le MNLA et les autorités de Bamako », a déclaré l’un des responsables de cette rébellion, Ibrahim Ag Mohamed Asseleh du MNLA, depuis Ouagadougou. Il a menacé, sinon, de nouer « des alliances de circonstance avec les groupes islamistes et terroristes ».
AFP