Le numéro un mondial du platine Amplats a annoncé vendredi le licenciement de 12.000 de ses 28.000 mineurs en grève sauvage du site de Rustenburg (nord) en Afrique du Sud, au lendemain de la mort d’un gréviste tué par la police.
« Environ 12.000 employés ont décidé de ne pas se présenter (devant les conseils de discipline), de ne pas assister aux audiences, et ont donc été licenciés en leur absence », annonce un communiqué d’Amplats, filiale d’Anglo American, qui avait clairement menacé de licencier les grévistes refusant de comparaître devant les conseils de discipline.
Les conseils de discipline, convoqués depuis mardi, se sont tenus comme prévu, explique Amplats. « Les employés concernés connaîtront aujourd’hui (vendredi) le verdict de leur audience. Ils auront trois jours ouvrables pour faire appel ».
L’entreprise, dont tous les puits du bassin de Rustenburg sont bloqués depuis le 12 septembre, avait déjà lancé plusieurs ultimatums à ses employés, les sommant de reprendre le travail sous peine de licenciement. Les ultimatums avaient jusqu’à présent été repoussés à chaque fois.
Les grévistes, dont le mouvement ne respecte pas les procédures du droit du travail sud-africain, réclament 16.000 rands mensuels (1.450 euros), une substantielle augmentation.
Les violences à Amplats témoignent de la tension qui règne toujours dans nombre de mines sud-africaines, paralysées depuis presque deux mois par des grèves sauvages.
Jeudi soir, un mineur a de nouveau été tué jeudi soir dans des affrontements entre employés d’Amplats et policiers à Rustenburg (nord).
Les policiers affirment avoir utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser un rassemblement illégal, assurant que les mineurs avaient commencé à jeter des pierres sur les forces de l’ordre.
Tous les témoignages recueillis auprès des mineurs indiquent au contraire que la police a ouvert le feu avant qu’il y ait eu la moindre marque d’hostilité de la part des mineurs.
« Ils n’ont rien jeté sur les policiers », a souligné Mikael Rafuza, un mineur proche du comité de grève soutenu par une poignée de militants trotskystes.
Un autre mineur, qui a demandé à garder l’anonymat, a conduit l’AFP sur les lieux, un hameau de logements en tôle ondulée, où selon lui, un groupe de mineurs a refusé d’obtempérer lorsque les policiers les ont sommés de se disperser, comptant jusqu’à dix pour les faire partir.
« 1, 2, 3, 4… et ils ont tiré. La balle l’a touché lui et les autres (mineurs) quand ils ont vu ça se sont enfuis », a-t-il dit.
Les grévistes, très déterminés, répètent sur tous les tons qu’ils veulent 16.000 rands mensuels (1.450 euros) et qu’ils ne savent pas quand la grève prendra fin.
« On ne reculera pas, peu importe ce qu’ils disent ou ce qu’ils font, on se battra jusqu’à la dernière goutte de sang », a déclaré l’un des animateurs du mouvement, Mametlwe Sebei.
Depuis une semaine, les mineurs d’Amplats, relativement pacifiques jusque là, semblent s’engager dans un bras de fer sans merci.
Des violences avaient déjà fait cinq morts en début de semaine.
Les menaces à peine voilées proférées vendredi aux non-grévistes n’augurent rien de bon. « Ceux qui vont au travail sont responsables de la mort des autres », a lancé l’un des leaders du mouvement, promettant que « personne ne dormirait la nuit prochaine car nous devons contrôler les gens qui vont au travail ».
Il a ensuite donné rendez-vous à tous samedi à 7H00 (5h00 GMT) pour un nouveau meeting suivi d’une marche jusqu’au lieu du décès de la victime de jeudi pour y prier.
Tandis que l’impasse semble totale chez Amplats, une lueur d’espoir est apparue cette semaine pour les mines d’or où le mouvement a fait tâche d’huile.
La Chambre des mines a accepté, sous la pression, de tenter de débloquer la situation et
de proposer sans tarder des hausses de salaires.
La crise sociale a été exacerbée par la fusillade de Marikana, quand la police a abattu 34 mineurs en grève le 16 août sur un site exploité par Lonmin.
Depuis deux semaines, les transporteurs routiers ont également cessé le travail pour réclamer de meilleurs salaires, ce qui porte à environ 100.000 le nombre de salariés en grève dans le pays, selon un décompte de l’AFP.
AFP