Les forces de sécurité nigériennes traquaient mardi les ravisseurs de cinq Nigériens et d’un Tchadien, localisés dans le nord-ouest du pays, voisin du Mali, un rapt qui visait au départ un Italien vivant dans la zone, selon une source locale.
Cinq travailleurs humanitaires, quatre Nigériens et un Tchadien, ainsi que leur chauffeur nigérien ont été enlevés dimanche à Dakoro, dans le sud-est du Niger, par des inconnus armés. Ils sont partis en direction du nord du pays, frontalier du Mali dont la partie septentrionale est contrôlée depuis six mois par des islamistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Les otages et leurs ravisseurs ont été « localisés dans le nord-ouest du Niger », dans la zone entre Agadez, la grande ville du nord, et la frontière malienne, a affirmé à l’AFP un élu d’Agadez joint par téléphone depuis Niamey. « Tous les moyens aériens et terrestres sont mis en branle pour les trouver », a-t-il assuré.
Selon un responsable de la préfecture de Dakoro, les ravisseurs recherchaient un anthropologue italien ayant travaillé pour Médecins sans frontières, resté dans la zone et proche de la communauté locale d’éleveurs peul bororo.
« Tous les témoignages concordent: les ravisseurs, au nombre de onze, sont allés directement dans la maison où l’Italien devait passer la nuit ce dimanche. Dès qu’ils ont débarqué, ils ont discuté en arabe avec le gardien, lui demandant où était le Blanc », absent de son logement ce soir-là, a-t-il déclaré.
En djellabas, gilets pare-balles et turbans, les hommes armés se sont « rués dans la maison voisine où ils sont tombés sur les humanitaires, qu’ils ont embarqués manu militari », a ajouté ce responsable.
« personne n’est épargné »
Selon la même source, l’Italien a été transféré dans un « lieu sûr » à Maradi, ville située au sud de Dakoro et capitale économique du pays.
L’otage tchadien a été blessé lors du rapt, selon des sources concordantes. Quatre des personnes enlevées appartiennent à l’ONG nigérienne Befen (Bien-être de la femme et de l’enfant au Niger) et à l’ONG tchadienne Alerte-santé.
Le Niger a été frappé dans le passé par des enlèvements commis par Al-Qaïda au Maghreb islamique, notamment dans la région d’Agadez où la mouvance jihadiste a kidnappé en septembre 2010 sept otages, parmi lesquels elle retient toujours quatre Français.
Jusque-là, aucun rapt n’avait eu lieu dans la région de Maradi, frontalière du Nigeria, le grand voisin du sud où opère le groupe islamiste Boko Haram. Mais une alerte avait été émise en 2010 à Maradi sur le risque d’enlèvement d’Occidentaux.
A la nouvelle du rapt des humanitaires, les agences locales des Nations unies « ont ordonné lundi à leur personnel à travers le pays de suspendre, pour 72 heures, tous leurs mouvements sur le terrain et de regagner les chefs-lieux de régions pour plus de sécurité », a indiqué une source onusienne à Niamey.
Une source au sein d’une ONG étrangère opérant dans le secteur de Dakoro a estimé que l’heure n’était pas venue de fermer son bureau sur place. « Il faut reconnaître tout de même que le phénomène de rapt prend désormais une nouvelle tournure. On sent maintenant que personne n’est épargné », a-t-elle toutefois souligné.
Sur une radio locale, Sanoussi Jackou, homme politique et ressortissant de Dakoro, a évoqué une possible « infiltration d’éléments terroristes » pendant la « Cure salée », fête des éleveurs célébrée fin septembre à Ingal, dans la région d’Agadez.
Cependant, le gouvernement nigérien a semblé écarter résolument la piste jihadiste. « Cet acte s’apparente plus à un règlement de comptes qu’à un enlèvement », a affirmé lundi le cabinet du Premier ministre Brigi Rafini.
AFP