L’évêque Tawadros, 60 ans, a été choisi dimanche comme nouveau patriarche des Coptes orthodoxes d’Egypte, la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, inquiète face à la montée de l’islamisme.
Les yeux bandés, le petit Bichoy Girgis Masaad a tiré le nom de Tawadros au sort dans un calice de verre au cours d’une cérémonie religieuse à la grande cathédrale Saint-Marc du Caire, conformément aux règles de cette Eglise.
L’évêque Pachomius, qui assure l’interim depuis la mort de Chenouda III en mars après quatre décennies à la tête de cette communauté, a pris le papier choisi par le jeune garçon et l’a brandi en proclamant: « Evêque Tawadros ».
Les deux autres papiers, portant les noms des deux autres candidats encore en lice — l’évêque Raphaël, 54 ans, du Caire, et le moine Raphaël Ava Mina, 70 ans — ont ensuite été montrés à la foule et aux caméras de télévision.
Le nouveau patriarche a fait des études de pharmacie à Alexandrie avant de rejoindre le séminaire. Il a été fait moine en 1988, puis évêque en 1997. Il est actuellement évêque général de Beheira, dans le delta du Nil.
Il est réputé proche du patriarche intérimaire Pachomius, et serait favorable à une église centrée sur sa mission pastorale, pas impliquée dans les affaires politiques. Hasard du calendrier, il a été désigné comme 118ème patriarche copte orthodoxe le jour de son soixantième anniversaire.
La cathédrale Saint-Marc était pleine à craquer pour cette cérémonie qui a duré plusieurs heures au milieu des prières, des psaumes et des vapeurs d’encens.
Plusieurs centaines de personnes n’avaient pu accéder à l’édifice bondé, et suivaient l’événements sur des écrans installés à l’extérieur. Une vingtaine de camions de la police étaient également garés devant la cathédrale pour assurer la sécurité.
« Mieux vivre ici en Egypte »
« C’est une journée historique pour nous, je tenais absolument à assister à la cérémonie. Ce n’est pas tous les jours que l’on choisit un pape! », a affirmé Romanda Nasser, une étudiante de 20 ans.
Les trois candidats finalistes avaient été pré-sélectionnés lors d’un vote à bulletin secret le 29 octobre par un collège de près de 2.500 religieux et personnalités coptes laïques.
Le 118ème « pape d’Alexandrie, patriarche de toute l’Afrique et du siège de Saint Marc » sera intronisé lors d’une cérémonie prévue le 18 novembre.
Les Coptes représentent de 6 à 10% des 83 millions d’Egyptiens, et leur Eglise, l’une des plus anciennes de la chrétienté, fait remonter sa fondation à Saint Marc l’évangéliste à Alexandrie.
Cette succession survient dans un climat d’inquiétude face aux progrès de l’islamisme, qui se sont traduits par l’élection en juin d’un président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi.
« J’espère que le prochain pape nous aidera à mieux vivre ici en Egypte. Nous voulons avoir davantage de positions importantes, pouvoir prier sans restrictions et vivre dans la justice », a déclaré Atef Makram, un technicien de 48 ans venu assister à la cérémonie.
La multiplication des violences à caractère confessionnel a accru cette inquiétude. Le 31 décembre 2010, un attentat avait ainsi fait une vingtaine de morts dans une église d’Alexandrie (nord), et d’autres événements violents, parfois meurtriers, ont suivi.
Les Coptes s’estiment depuis longtemps victimes de discriminations et d’une sous-représentation au sein du gouvernement et de la haute fonction publique. Ils déplorent également des restrictions pour la construction des églises, alors que les règles sont très libérales pour les mosquées.
La communauté copte est également traversée de débats internes, sur la question du divorce, strictement interdit, ou sur la place de l’Eglise dans la vie politique.
AFP
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