Il a toutefois assuré qu’il soutenait pleinement la formule de la "voie moyenne" voulue par le dalaï lama, c’est-à-dire une "autonomie significative" du Tibet sous administration chinoise, plutôt qu’une indépendance pure et simple de la région.
Lors d’une cérémonie haute en couleurs dans la ville indienne de Dharamsala (nord), où est basé le gouvernement en exil, M. Sangay a voulu chassé les inquiétudes sur la poursuite de la lutte pour les droits des Tibétains, qui fut uniquement incarnée par le dalaï lama depuis sa fuite de Lhassa en 1959 à la suite d’un soulèvement antichinois.
Certains craignent que leur combat ne tombe dans l’oubli à la mort du prix Nobel de la paix, qui incarne aux yeux de l’Occident la cause des Tibétains.
annoncé en mars son intention de renoncer à son rôle politique de chef du mouvement des Tibétains en exil, essentiellement symbolique, et de transmettre ses responsabilités à un nouveau Premier ministre aux pouvoirs élargis. Il conserve toutefois son rôle de chef spirituel. M. Sangay, diplômé de la faculté de droit de l’université de Harvard, a été élu fin avril parmi deux autres candidats. En mai, le dalaï lama a officiellement mis un terme à son rôle politique.
En prêtant serment, M. Sangay a assuré que l’élection d’avril avait envoyé "un message clair aux partisans d’une ligne dure au sein du gouvernement chinois selon lequel le gouvernement tibétain est loin de s’éteindre".
Il s’est engagé à soutenir le mouvement "jusqu’à ce que la liberté soit restaurée au Tibet", affirmant que la lutte n’était pas "contre le peuple chinois ou la Chine en tant que pays".
"Nous sommes une démocratie qui ne fera que se renforcer au fil des ans et nous sommes là pour durer", a-t-il déclaré. "Il n’y a pas de +socialisme+ au Tibet. Il y a du colonialisme. L’administration chinoise au Tibet est clairement injuste et intenable".
Le parcours de Lobsang Sangay, né dans une région productrice de thé dans le nord-est de l’Inde, rompt avec le passé où de vieilles figures religieuses dominaient la vie politique du mouvement tibétain. Cet expert en droit international n’a jamais vécu au Tibet et ne s’y est même jamais rendu.
Cette transition historique risque d’être pavée de difficultés: le gouvernement en exil n’est reconnu par aucun gouvernement étranger, la Chine refuse de le reconnaître et sa légitimité pourrait être mise en doute aux yeux des Tibétains du Tibet sans le soutien du dalaï lama.
Lors d’une conférence de presse à l’issue de la cérémonie, M. Sangay a admis qu’il était peu problable qu’il ait des contacts directs avec Pékin, qui n’accepte de négocier qu’avec des émissaires du dalaï lama.
"Si la Chine ne veut pas parler avec moi en tant que personne et seulement avec des représentants de sa Sainteté, cela ne nous dérange pas. Ce que nous voulons, c’est résoudre les problèmes", a-t-il déclaré.
M. Sangay a prêté serment lors d’une cérémonie présidée par le dalaï lama dans le temple Tsuglagkhang, le centre spirituel de Dharamsala, exactement neuf secondes après 09H09 locales (03H39 GMT).
Le chiffre 9 est associé à la longévité tandis que le chiffre 8, qui se retrouve dans le jour et le mois (8/08), est aussi considéré de bon augure.
Diasporas-News — AFP