Des bombardements israéliens ont tué samedi dix Palestiniens à Gaza et détruit le siège du gouvernement du Hamas, tandis que des réunions se tenaient au Caire pour tenter de parvenir à une trêve avant le lancement d’une éventuelle opération terrestre.
Depuis le lancement mercredi de l’opération militaire israélienne « Pilier de défense », 43 personnes — 40 Palestiniens et trois Israéliens — ont péri et plus de 400 autres, dont environ 385 Palestiniens, été blessées.
Le chef en exil du Hamas Khaled Mechaal était au Caire pour des discussions sur une trêve avec le chef des services de renseignements égyptiens, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et l’émir du Qatar Hamad Ben Khalifa Al-Thani, mais son mouvement exigeait des garanties internationales, selon un haut responsable du Hamas sous le couvert de l’anonymat.
« Par l’intermédiaire de l’Egypte, nous nous étions mis d’accord sur une trêve, et elle a été interrompue au bout de 48h », a-t-il rappelé, en référence à l’assassinat mercredi du chef militaire du Hamas, Ahmad Jaabari, point de départ de l’opération, considérant que « l’Egypte ne peut plus dire +je me porte garant d’une trêve+ ».
Le numéro deux du Hamas, Moussa Abou Marzouk, a affirmé pour sa part qu’Israël avait demandé à « un grand nombre d’intermédiaires d’intervenir pour calmer la situation dans la bande de Gaza et notre réponse est: c’est vous qui avez commencé la bataille et c’est à vous de l’arrêter.
Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a appelé les pays arabes à « revoir toutes les initiatives arabes passées sur le processus de paix et revoir leur position sur le processus dans son ensemble ».
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohamed Kamel Amr, a lui aussi plaidé pour « revoir la stratégie arabe de paix ».
M. Erdogan a estimé qu’Israël portait l’entière responsabilité de l’escalade et assuré que « tôt ou tard », il devrait rendre des comptes « pour le massacre de ces enfants innocents ».
La Maison Blanche a en revanche réaffirmé que « les tirs de roquettes en provenance de Gaza étaient le facteur déclenchant de ce conflit », reconnaissant à Israël « le droit de se défendre et de décider de la tactique à utiliser ».
« Film d’horreur »
Dix Palestiniens, dont au moins sept combattants du Hamas et un du Jihad islamique, ont été tués samedi, selon des sources médicales à Gaza.
Dans le même temps, neuf Israéliens ont été blessés, dont quatre soldats, selon l’armée israélienne, qui a fait état de 675 roquettes tirées depuis mercredi, dont 245 interceptées par le système antimissile « Iron Dome », et de 950 cibles touchés dans la bande de Gaza.
Selon le Centre palestinien pour les droits de l’Homme (PCHR), basé à Gaza, au moins 17 des 40 Palestiniens tués sont des civils, dont six enfants et deux femmes.
Outre le siège du gouvernement du Hamas, les raids ont visé le quartier général de la police à Gaza, l’Université islamique et le stade « Palestine », la principale enceinte sportive de Gaza. Les raids israéliens se poursuivaient par intermittences samedi soir.
Le bâtiment de deux étages du gouvernement a été entièrement détruit. Dans la matinée, l’odeur de poudre était encore perceptible et la poussière emplissait l’air autour des papiers et des morceaux de meubles achevant de se consumer.
L’attaque a provoqué la panique. « C’est un film d’horreur devenu réalité », a affirmé Soha, 18 ans, blessée par des éclats de verre dans son lit.
Le ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem s’est rendu samedi matin à Gaza, où il a dénoncé une « agression israélienne flagrante ».
Pour la troisième journée consécutive, les sirènes d’alerte ont retenti à Tel Aviv. Peu après, une nouvelle batterie d’Iron Dome, installée dans la matinée dans la région de Tel Aviv, a intercepté une roquette.
Le tir a été revendiqué par le Hamas, qui a affirmé avoir lancé une roquette Fajr 5. Jeudi et vendredi, trois roquettes étaient tombées dans la région de Tel Aviv, capitale économique d’Israël, dont deux en mer.
La confrontation avait franchi vendredi un palier supplémentaire avec le tir d’une roquette tombée sans faire de victime en Cisjordanie, à cinq kilomètres au sud-ouest de Jérusalem.
Quelque 20.000 réservistes ont été mobilisés. Le cabinet de sécurité israélien a approuvé vendredi la mobilisation de 75.000 réservistes, mais cette décision doit encore recevoir l’aval du Conseil des ministres dimanche.
En pleine campagne électorale pour les législatives de janvier, Israël a lancé son opération avec le raid ciblé contre Jaabari, le plus important responsable tué depuis la dévastatrice offensive de décembre 2008-janvier 2009, qui n’avait fait cesser que temporairement les tirs de roquettes.
AFP