Les rebelles du M23 sont entrés mardi dans Goma, capitale régionale du Nord-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), une première depuis la conquête de cette ville stratégique aux mains de rebelles soutenus par le Rwanda en 1998.
A Kinshasa, le président congolais Joseph Kabila a aussitôt lancé un appel « au peuple ainsi qu’à toutes les institutions » à se mobiliser contre l’agression dont la RDC se dit victime de la part du Rwanda voisin. « Je demande la participation de toute la population à défendre notre souveraineté », a-t-il dit.
A Goma, où la situation militaire demeure confuse, l’armée régulière congolaise est en train de se retirer de la ville, selon une source militaire occidentale.
Seule une « arrière garde » « des Forces armées (FARDC) se trouve encore en ville, les blindés ont déjà quitté la ville. Ce retrait n’a été confirmé par aucune source congolaise.
La situation à la mi-journée restait complexe autour de l’aéroport de Goma, qui a été la cible de tirs de mortiers à l’aube.
Plusieurs sources avaient annoncé la chute à 10H00 locales de l’aéroport qui jouxte le Rwanda. Une source onusienne avait confirmé cette information mais une autre source des Nations Unies l’a ensuite démentie.
Un photographe de l’AFP a vu une colonne de rebelles progresser sans dire un mot, entre l’aéroport, à l’est de Goma, et la ville et combattre des soldats réguliers qui tentaient de les arrêter à un carrefour.
Les rebelles du M23 encerclaient la ville depuis plusieurs jours. Les combats ont repris mardi à l’aube à l’issue d’un ultimatum lancé par les rebelles à Kinshasa, exigeant la « démilitarisation » de la ville et l’ouverture de négociations.
Kinshasa a catégoriquement refusé de négocier avec le M23 qu’il qualifie de « forces fictives mises en place par le Rwanda pour dissimuler ses activités criminelles en RDC ».
Selon un rapport des Nations unies, les rebelles du M23 sont soutenues activement par le Rwanda et l’Ouganda ce que Kampala et Kigali récusent.
Goma compte environ 300.000 habitants, plus de nombreux déplacés. La ville a déjà occupée à deux reprises en 1996 et 1998 par des rebellions, soutenues par le Rwanda voisin.
Un photographe de l’AFP a vu une colonne de rebelles progresser entre l’aéroport et la ville et affronter les soldats réguliers qui tentaient de les arrêter au carrefour Birere.
A Goma, située à 1.200 km de Kinshasa, les rues étaient désertes et des habitants restaient terrés mardi dans leurs maisons dans cette ville, adossée au lac Kivu.
Redoutant les combats, des dizaines de milliers de personnes déplacées se sont regroupées au sud de la ville dans les camps de Mugunga pour se mettre à l’abri des combats.
Et à la frontière rwandaise, une foule grossissante tentait de se réfugier de l’autre côté de la frontière, dans la ville jumelle de Gisenyi.
Des pillages ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi dans le quartier de Katindo au sud par des militaires congolais qui ont ensuite pris la route de Sake, seul axe routier permettant de sortir de la ville en direction du sud.
Et pour ajouter à la confusion, plusieurs centaines de détenus de la prison de Munzenze se sont évadés lundi accentuant l’insécurité qui règne sur la ville, selon une source occidentale.
Le M23 a été créé début mai par des militaires, qui après avoir participé à une précédente rébellion, ont intégré l’armée en 2009, à la suite d’un accord de paix. Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n’avait pas respecté ses engagements.
Ils réclament notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent « le brassage » (affectations dans d’autres unités et d’autres régions) que veut leur imposer Kinshasa, ce qui les éloignerait de leur zone d’influence dans l’est.
Mais la région composée des provinces des Nord et Sud-Kivu est aussi le théâtre de conflits quasiment ininterrompus depuis une vingtaine d’années en raison de ses richesses en ressources minières (or, coltan, cassitérite) et agricoles, que se disputent le gouvernement congolais, divers mouvements rebelles et les pays voisins de la RDC, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
Aucun bilan n’a pu encore être établi sur les derniers combats et bombardements.
De nombreuses ONG ont évacué leur personnel vers le Rwanda voisin et l’ONU a annoncé le départ de ses employés « non essentiels ».
Dimanche, le secrétaire général Ban Ki-moon, a assuré que les 6.700 Casques bleus basés dans le Nord-Kivu allaient y rester.
Sur le plan diplomatique, la communauté internationale a vivement réagi à la reprise des combats.
La France à de nouveau déposé une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU demandant un renforcement des sanctions contre les rebelles et évoque l’implication éventuelle d’autres pays dans le conflit.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a déjà demandé samedi l’interruption « immédiate » de tout soutien extérieur et de toute fourniture d’équipement au M23.
L’Union européenne, l’Union africaine et les Etats-Unis ont également condamné lundi l’offensive rebelle.
AFP