Un juge tunisien a émis dans la nuit de mercredi à jeudi un mandat de dépôt maintenant le patron de la chaîne Ettounsiya TV en détention quelques heures après que la Cour de cassation eut ordonné sa libération, une décision « invraisemblable », selon l’avocat du prévenu.
« La Cour de cassation a ordonné sa libération dans une décision à 16h00 (mercredi), et un autre juge a émis à 23h00 un mandat de dépôt dans la même affaire. C’est complètement invraisemblable », s’est emporté Abdelaziz Essid, avocat de Sami Fehri, le patron de la chaîne emprisonné depuis trois mois.
« Je ne sais même pas qui est le juge qui a fait ça, j’essaye de tirer cela au clair », a-t-il ajouté, « La Cassation, la juridiction suprême, prend une décision, et quelqu’un est allé trouver un juge disant le contraire. C’est incompréhensible », a-t-il encore dit à l’AFP.
M. Fehri est poursuivi pour des préjudices financiers causés à la télévision nationale tunisienne à l’époque du président Zine El Abidine Ben Ali et risque 10 ans de prison.
Ses avocats ont demandé l’annulation de son placement en détention provisoire en août en raison de graves vices de procédure et la Cour de cassation lui a donné raison mercredi.
Cette affaire rocambolesque avait fait scandale car, quelques jours avant son arrestation, M. Fehri avait annoncé cesser la diffusion d’une émission de satire politique de Guignols à la suite de pressions des islamistes d’Ennahda qui dirigent le gouvernement.
Sami Fehri a fondé la chaîne en mars 2011, quelques mois après la révolution tunisienne. Avant ces événements, il était associé au sein d’une société de production, Cactus Prod, à Belhassen Trabelsi, un beau-frère de Ben Ali.
AFP