dimanche, décembre 22, 2024
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Afrique du Sud: le braconnage de rhinocéros, une criminalité très organisée

Afrique du Sud: le braconnage de rhinocéros, une criminalité très organisée
Chasseurs, petits trafiquants, fonctionnaires corrompus, propriétaires de réserves: le braconnage des rhinocéros d’Afrique du Sud s’appuie sur une organisation criminelle sophistiquée, comparable à des mafias avec leurs importants moyens, hélicoptères, fusils de gros calibre ou armes de guerre.   Une organisation complexe, capable de corrompre de nombreux intermédiaires et d’acheminer les cornes depuis les réserves animales sud-africaines jusqu’au fin fond de l’Asie, où elles sont considérées comme un remède miracle contre le cancer ou un aphrodisiaque.
Cinquante-sept affaires, impliquant plus de 160 suspects, sont actuellement devant les tribunaux en Afrique du Sud, révélant l’ampleur des complicités, y compris parmi ceux qui sont censés protéger les animaux: propriétaires de réserves privées, vétérinaires, policiers, rangers de parcs nationaux…
« Certains appartiennent au crime organisé, d’autres non », constate Joanie Spies, l’une des magistrates du pôle anti-braconnage à Pretoria.
L’Afrique du Sud a mis en place ce pôle spécialisé de magistrats pour mieux lutter contre un trafic qui a coûté la vie à 200 rhinocéros, rien que depuis le début de cette année.
Sur le terrain, dit-elle à l’AFP, « le braconnier de base peut être n’importe qui. Cela va de celui qui est recruté exprès au ranger que l’on corrompt », explique-t-elle.
« Cela demande un degré élevé d’organisation », la chaîne allant du braconnier au consommateur final « compte jusqu’à quatre niveaux, voire davantage », relève-t-elle.
Des chasseurs traquent les rhinocéros avec des hélicoptères avant de les tuer et de couper leurs cornes. D’autres sont victimes de petits braconniers alléchés par les perspectives de revente ou à la solde de puissants commanditaires.
Et les cornes atterrissent le plus souvent aux mains des mêmes gros bonnets en Asie, qui les achètent au prix de l’or.
« Lentement mais sûrement, nous avançons », assure Mme Spies.
« Et nous parvenons à attraper des responsables de haut niveau, qui n’ont pas appuyé eux-mêmes sur la gâchette », dit-elle, alors que l’impuissance de la justice à remonter jusqu’aux commanditaires et à les mettre sous les verrous a été critiquée en janvier au Parlement sud-africain.

Afrique du Sud: le braconnage de rhinocéros, une criminalité très organisée
La plupart des cornes de rhinocéros tués en Afrique du Sud passent en fraude à l’aéroport international de Johannesburg. En avril, un Vietnamien de 25 ans, That Thai Dung, y a ainsi été arrêté avec trois cornes dans ses valises.
Mais certaines cornes prennent aussi le chemin du port de Beira au Mozambique, pays où la corruption est notoire. Le pays est frontalier du plus célèbre parc animalier sud-africain, le Kruger, où a lieu une bonne partie du braconnage.
Le reste du circuit est variable. Hong Kong, où les douaniers ont effectué une saisie record de 33 cornes en novembre dernier, est l’un des points névralgiques du trafic, et le Vietnam le principal marché.
« Certaines routes arrivent directement au Vietnam, d’autres passent par la Thaïlande, ou via le Cambodge et le Laos », note Naomi Doak, coordinatrice au Vietnam du réseau de surveillance du commerce de la faune sauvage Traffic.
Selon elle, « les moyens pour coordonner l’acheminement des cornes d’Afrique du Sud au Vietnam sont tels que l’implication de mafias fait peu de doutes ».
Outre le braconnage, certains criminels opèrent avec de faux permis de chasse. La chasse au rhinocéros est en effet légale en Afrique du Sud, quoique strictement encadrée et peu pratiquée, avec une centaine d’animaux tués par an.
Une majorité de chasseurs viennent d’Asie. Ils ont le droit d’emporter la corne en souvenir.
La revendre est ensuite un jeu d’enfant, même si cela est officiellement interdit, car selon les organisations de défense de la nature, les autorités vietnamiennes n’effectuent pas de contrôles.
Trois Thaïlandais et un propriétaire terrien sud-africain ont été arrêtés récemment, soupçonnés d’avoir procuré de précieux permis de chasse à des prête-noms, des amis, des prostitués, et même des strip-teasers, pour récupérer ensuite les trophées.
La tête du réseau, Chumlong Lemtongthai devrait être jugé en juin. Selon les autorités, il a acheté les cornes 65.000 rands (8.400 dollars) le kilo, et les a revendues 55.000 dollars.
Jusqu’à présent, les gros bonnets sont restés hors d’atteinte de la justice, mais les peines prononcées par les tribunaux peuvent être sévères.
Fin janvier, une cour a infligé la sanction la plus lourde jamais prononcée pour braconnage, 25 ans de réclusion. Les condamnés, trois jeunes Mozambicains, étaient de simples porte-flingues.

AFP

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