Depuis Maiduguri, où ils ont leur base, les islamistes nigérians n’ont cessé, depuis l’élection du président Goodluck Jonathan il y a un an, d’intensifier la violence, élargissant leur théâtre d’opération et diversifiant leurs cibles de façon spectaculaire. Dans son domicile de cette ville de l’extrême nord-est, dont des quartiers entiers ont été ravagés par l’insurrection du mouvement Boko Haram, le général à la retraite Mohammed Shuwa prend place dans un canapé et retire de sa poche un revolver qu’il pose sur la table devant lui.
Craint-il d’être visé? « Tout le monde le craint. Nous ne savons pas quelle sera la prochaine cible », répond ce vétéran de la guerre civile du Biafra (1967-1970).
Plus personne ne semble se sentir en sécurité à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, frontalier du Niger, du Tchad et du Cameroun.
Un sentiment d’insécurité qui se répand dans d’autres régions du pays le plus peuplé d’Afrique et premier producteur de pétrole du continent.
Le 29 mai marquera le premier anniversaire de l’investiture de Goodluck Jonathan, élu à l’issue d’un scrutin suivi de violences (plus de 800 morts) mais aussi salué comme le plus réussi des deux dernières décennies.
L’année écoulée a été marquée par l’intensification des attaques de Boko Haram, faisant naître des inquiétudes quant à l’avenir de la nation majoritairement musulmane dans le nord et à dominante chrétienne dans le sud.
Après avoir multiplié les assassinats de policiers et de responsables locaux dans leur fief du nord-est, les islamistes ont perpétré une série d’attentats suicide dans la capitale Abuja, visant le siège de l’ONU, le QG national de la police ou encore un journal influent.
Les centaines de victimes de Boko Haram sont en majorité musulmanes mais le groupe a également pris pour cibles des chrétiens, dans des églises du centre et du nord.
Possibles liens avec Aqmi
Des diplomates affirment que des membres de Boko Haram ont été formés au Mali par la branche maghrébine d’Al-Qaïda (Aqmi), une collaboration qui inquiète et est surveillée de près par des nations occidentales.
Craint-il d’être visé? « Tout le monde le craint. Nous ne savons pas quelle sera la prochaine cible », répond ce vétéran de la guerre civile du Biafra (1967-1970).
Plus personne ne semble se sentir en sécurité à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, frontalier du Niger, du Tchad et du Cameroun.
Un sentiment d’insécurité qui se répand dans d’autres régions du pays le plus peuplé d’Afrique et premier producteur de pétrole du continent.
Le 29 mai marquera le premier anniversaire de l’investiture de Goodluck Jonathan, élu à l’issue d’un scrutin suivi de violences (plus de 800 morts) mais aussi salué comme le plus réussi des deux dernières décennies.
L’année écoulée a été marquée par l’intensification des attaques de Boko Haram, faisant naître des inquiétudes quant à l’avenir de la nation majoritairement musulmane dans le nord et à dominante chrétienne dans le sud.
Après avoir multiplié les assassinats de policiers et de responsables locaux dans leur fief du nord-est, les islamistes ont perpétré une série d’attentats suicide dans la capitale Abuja, visant le siège de l’ONU, le QG national de la police ou encore un journal influent.
Les centaines de victimes de Boko Haram sont en majorité musulmanes mais le groupe a également pris pour cibles des chrétiens, dans des églises du centre et du nord.
Possibles liens avec Aqmi
Des diplomates affirment que des membres de Boko Haram ont été formés au Mali par la branche maghrébine d’Al-Qaïda (Aqmi), une collaboration qui inquiète et est surveillée de près par des nations occidentales.
Mais le groupe, qui compterait plusieurs factions aux objectifs divers, s’inscrit avant tout dans une problématique nigériane et est largement le fruit d’une société inégalitaire et corrompue, jugent des observateurs.
La majorité des Nigérians vit avec moins de deux dollars par jour et observe une petite élite dévorer les pétrodollars. A Lagos, la capitale économique, un magasin Porsche a récemment ouvert alors que la ville, comme le reste du pays, vit au rythme des coupures de courant.
Le sud, où se trouve la zone pétrolifère et dont provient le président, est plus riche et plus éduqué que le nord, dont beaucoup d’habitants étaient opposés à la candidature de Jonathan.
A Maiduguri, certains quartiers ressemblent à des zones de guerre. Voitures et maisons incendiées se succèdent dans des rues désolées où des soldats lourdement armés patrouillent.
L’armée a érigé d’innombrables points de contrôle mais cela n’a pas empêché les islamistes d’attaquer des écoles.
« Je n’ai pas peur car je crois que le pire est passé », dit une élève de 14 ans qui se tient à côté du toit partiellement effondré d’un établissement scolaire où les cours se poursuivent dans les salles épargnées.
« Il ne leur reste plus rien à attaquer », poursuit la jeune fille en uniforme — voile jaune, tunique blanche et pantalon vert.
Les autorités assurent que la situation à Maiduguri s’améliore. L’important déploiement militaire a certes freiné les attaques de grande envergure mais les explosions et les tirs retentissent encore presque quotidiennement.
Des milliers d’habitants ont fui et un couvre-feu est en place de 19H00 à 06H00. Mais la journée, la ville retrouve son activité et la circulation sur les axes principaux bouchonne aux heures de pointe.
« Il est clair que la situation a été ramenée à un niveau gérable », estime le lieutenant colonel Sagir Musa, porte-parole de la force spéciale déployée à Maiduguri.
Des revendications pas claires
La majorité des Nigérians vit avec moins de deux dollars par jour et observe une petite élite dévorer les pétrodollars. A Lagos, la capitale économique, un magasin Porsche a récemment ouvert alors que la ville, comme le reste du pays, vit au rythme des coupures de courant.
Le sud, où se trouve la zone pétrolifère et dont provient le président, est plus riche et plus éduqué que le nord, dont beaucoup d’habitants étaient opposés à la candidature de Jonathan.
A Maiduguri, certains quartiers ressemblent à des zones de guerre. Voitures et maisons incendiées se succèdent dans des rues désolées où des soldats lourdement armés patrouillent.
L’armée a érigé d’innombrables points de contrôle mais cela n’a pas empêché les islamistes d’attaquer des écoles.
« Je n’ai pas peur car je crois que le pire est passé », dit une élève de 14 ans qui se tient à côté du toit partiellement effondré d’un établissement scolaire où les cours se poursuivent dans les salles épargnées.
« Il ne leur reste plus rien à attaquer », poursuit la jeune fille en uniforme — voile jaune, tunique blanche et pantalon vert.
Les autorités assurent que la situation à Maiduguri s’améliore. L’important déploiement militaire a certes freiné les attaques de grande envergure mais les explosions et les tirs retentissent encore presque quotidiennement.
Des milliers d’habitants ont fui et un couvre-feu est en place de 19H00 à 06H00. Mais la journée, la ville retrouve son activité et la circulation sur les axes principaux bouchonne aux heures de pointe.
« Il est clair que la situation a été ramenée à un niveau gérable », estime le lieutenant colonel Sagir Musa, porte-parole de la force spéciale déployée à Maiduguri.
Des revendications pas claires
Mais la violence s’est répandue à d’autres zones, comme l’Etat voisin de Yobe ou la grande métropole septentrionale Kano, où des centaines de personnes ont été tuées.
Des habitants de Maiduguri ont en outre dénoncé des abus commis par les soldats, décrivant des militaires mettant le feu à des maisons et abattant des civils accusés de collaborer avec les islamistes.
Le lieutenant colonel Musa assure que l’armée prend ces allégations au sérieux et tente de gagner la confiance des résidents.
Beaucoup estiment qu’un dialogue entre les autorités et les insurgés est indispensable, certains évoquant même une amnistie similaire à celle offerte en 2009 aux groupes armés du delta du Niger (sud), qui a permis d’apaiser la région pétrolifère troublée.
Le vice-président Namadi Sambo, originaire du nord, a lui-même appelé à dialoguer récemment.
Mais l’une des difficultés est d’identifier des interlocuteurs chez Boko Haram, une nébuleuse qui a montré des signes de division et dont les revendications ne sont pas claires.
En mars, une tentative de pourparlers indirects a échoué, un médiateur dénonçant des fuites à la presse et un porte-parole présumé des islamistes accusant le gouvernement de ne pas être fiable.
Selon une source sécuritaire, le problème des violences ne sera pas réglé tant que ses causes profondes, la pauvreté et le manque d’éducation, demeureront.
« Il faut une stratégie sécuritaire solide », a recommandé récemment Johnnie Carson, secrétaire d’Etat américain adjoint pour les affaires africaines.
« Mais il faut aussi une stratégie socio-économique solide pour répondre à l’énorme pauvreté et à la misère qui existent dans le nord du Nigeria », a-t-il estimé.
Des habitants de Maiduguri ont en outre dénoncé des abus commis par les soldats, décrivant des militaires mettant le feu à des maisons et abattant des civils accusés de collaborer avec les islamistes.
Le lieutenant colonel Musa assure que l’armée prend ces allégations au sérieux et tente de gagner la confiance des résidents.
Beaucoup estiment qu’un dialogue entre les autorités et les insurgés est indispensable, certains évoquant même une amnistie similaire à celle offerte en 2009 aux groupes armés du delta du Niger (sud), qui a permis d’apaiser la région pétrolifère troublée.
Le vice-président Namadi Sambo, originaire du nord, a lui-même appelé à dialoguer récemment.
Mais l’une des difficultés est d’identifier des interlocuteurs chez Boko Haram, une nébuleuse qui a montré des signes de division et dont les revendications ne sont pas claires.
En mars, une tentative de pourparlers indirects a échoué, un médiateur dénonçant des fuites à la presse et un porte-parole présumé des islamistes accusant le gouvernement de ne pas être fiable.
Selon une source sécuritaire, le problème des violences ne sera pas réglé tant que ses causes profondes, la pauvreté et le manque d’éducation, demeureront.
« Il faut une stratégie sécuritaire solide », a recommandé récemment Johnnie Carson, secrétaire d’Etat américain adjoint pour les affaires africaines.
« Mais il faut aussi une stratégie socio-économique solide pour répondre à l’énorme pauvreté et à la misère qui existent dans le nord du Nigeria », a-t-il estimé.
AFP