A l’intérieur du complexe, d’une superficie de plusieurs centaines de mètres et composé de plusieurs bâtiments les quelques centaines de rebelles se sont empressés de pénétrer dans les bâtiments. Ils se sont emparés dans l’un d’entre eux d’un stock d’armes munitions, fusils mitrailleurs et pistolets.
Six mois après le début de la révolte en Libye, les rebelles criaient leur victoire. Et de s’empresser de détruire tous les symboles du régime honni. Un rebelle juché sur une sculpture représentant un poing empoignant un avion (symbole des attaques aériennes américaines sur le complexe en 1986) criait sa joie d’être enfin dans le complexe de Kadhafi. Il tâchait de briser cet emblème du pouvoir. Un autre paradait et brandissait fièrement un fusil qui semblait être en plaqué or. Un autre piétinait d’autres symboles du régime.
Mais cet assaut s’est accompagné également de nombreuses victimes.
Plusieurs corps jonchaient le sol dans l’enceinte de la résidence, apparemment des soldats pro-Kadhafi, a indiqué le correspondant faisant état également de nombreux blessés.
Quant à la situation du dirigeant libyen le mystère restait entier.
Les rebelles libyens ont reconnu ne pas avoir trouvé trace du dirigeant libyen ou de ses fils.
"Bab al-Aziziya est entièrement sous notre contrôle, le colonel Kadhafi et ses fils n’étaient pas sur place", a déclaré à l’AFP le porte-parole militaire de la rébellion le colonel Ahmed Omar Bani, qui s’exprimait depuis Benghazi, la capitale rebelle dans l’est du pays.
Personne ne sait où ils sont", a-t-il dit. Certains croient même qu’il a quitté Tripoli. Dans la nuit de mardi, un des fils de Kadhafi Seif Al-Islam qui avait été donné comme prisonnier par les rebelles s’était présenté devant quelques journalistes à Tripoli, fanfaronnant et indiquant que son père était toujours dans la capitale.
"Je suis là pour démentir les mensonges", a déclaré Seif al-Islam, tout sourire, à des journalistes emmenés à bord d’une voiture blindée à Bab Al-Aziziya. "Kadhafi et toute la famille sont à Tripoli", avait-il dit.
Mardi soir à Tripoli, le commandant militaire des rebelles a clairement affirmé que ses hommes avaient "remporté la bataille" de la capitale.
"Nous avons remporté la bataille militaire. Ils ont fui comme des rats", a déclaré Abdelhakim Belhaj en direct sur la chaîne arabe Al-Jazira depuis Bab al-Aziziya peu après sa chute aux mains des rebelles.
Sur le front Est, les rebelles avançaient vers le port pétrolier de Ras Lanouf, en direction de Syrte, ville d’origine de M. Kadhafi, a indiqué mardi la rébellion.
"Nos combattants ont avancé de plus de 40 kilomètres au-delà de Brega. Nous avons dépassé la localité de Bishr, nous serons ce soir à Ras Lanouf". Située à environ 240 km au sud-ouest de Benghazi, fief des rebelles, la cité pétrolière de Brega marquait jusqu’à présent le front Est du conflit.
Au plan international, le président français Nicolas Sarkozy et son homologue américain Barack Obama sont convenus de "poursuivre leur effort militaire" jusqu’à ce que "Kadhafi et son clan" déposent les armes, a affirmé la présidence française dans un communiqué.
Les premières aides financières arrivent également. Les Etats-Unis ont indiqué travailler à débloquer dans les prochains jours "entre 1 et 1,5 milliard de dollars" d’avoirs libyens gelés pour venir en aide aux rebelles libyens.
L’argent sera versé au Conseil national de transition (CNT) pour "répondre aux besoins humanitaires et pour aider à établir un gouvernement sûr et stable", a annoncé le département d’Etat.
Dans le même temps, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé le chef des rebelles Moustapha Abdeljalil et lui a demandé d’oeuvrer pour la "réconciliation" en Libye.
Le groupe de réflexion International crisis group a de son côté appelé à une transition pacifique après la chute du régime.
"Alors que les Libyens se préparent à une chute imminente du régime, le pays fait face à un moment crucial d’une importance historique (…) il ne doit pas sous-estimer le défi de demain", souligne l’ICC dans un communiqué.
Les nouveaux dirigeants de la Libye doivent tenir compte de trois questions principales:
"la légitimité politique", "la sécurité, la loi et l’ordre" et "la réconciliation et la justice pendant la transition", ajoute le ICC.
Diasporas-News — AFP