dimanche, décembre 22, 2024
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Lutte: Juan Espino, le "lion blanc" des arènes sénégalaises

Lutte: Juan Espino, le

Sport roi, la lutte sénégalaise déchaîne les passions: idolâtré, chaque lutteur représente un quartier, une ville, une région du Sénégal, et les lutteurs étrangers sont absents des arènes, hormis l’Espagnol Juan Francisco Espino, le « lion blanc ».

« Juan! Juan! Juan! »: dans la banlieue de Dakar, où il trouve refuge avant ses combats, l’Espagnol Juan Francisco Espino n’est jamais tranquille. Sur son passage, les enfants l’interpellent, le touchent, tandis que les adultes le prennent en photo avec leur téléphone portable.

Cela peut surprendre, mais Juan fait partie d’une caste particulière au Sénégal, celle des lutteurs. Les rois des arènes, comme on les appelle ici, sont adulés.

Juan est l’un d’entre eux. Il est le « lion blanc », son surnom dans l’arène, et après avoir longtemps observé la lutte sénégalaise, il a fini par se lancer, remportant même ses trois premiers combats.

Originaire des îles Canaries, Juan est né dans la lutte. Tradition familiale oblige, cet homme de 1,95 m pour 145 Kg s’entraîne dès son plus jeune âge avec son père à la lutte canarienne, pratique ancestrale sur l’archipel.

Lutte: Juan Espino, le

Passionné par son sport, Juan est néanmoins déçu par le peu d’engouement qu’il suscite. Il passe six mois au Brésil pour apprendre le jiu jitsu brésilien, puis deux mois en Corée du Sud pour s’entraîner et observer le Ssireum, la lutte coréenne.

Juan devient champion d’Europe de « grappling » en mai dernier à Bruxelles, une forme de lutte très technique, et montre fièrement sur son téléphone portable les combats qu’il a filmés pour les décortiquer plus tard dans son complexe dédié aux sports de combat à Las Palmas.

« On lutte partout dans le monde, explique Juan. Alors je me suis dis qu’il fallait que j’aille voir et apprendre tous ces différents types de lutte, car chacune a sa spécificité ».

Sport, folklore et tradition

En 2008, il tombe sur des vidéos sénégalaises de lutte et découvre la ferveur du public pour ses lutteurs.

« J’ai vu ces stades avec 30.000 personnes, juste pour voir des combats de lutte, dit-il. Je me suis dis que je ne pouvais pas louper ça, que moi aussi je voulais combattre dans ces arènes ».

Il débarque à Dakar et intègre une « écurie », ou école de lutte, pour apprendre la lutte « avec frappe », celle qui fait vibrer les foules du Sénégal.

Avant lui, aucun lutteur blanc n’était arrivé jusque-là. Pour pouvoir lutter, Juan va néanmoins devoir attendre, car on ne grille pas les étapes dans le circuit de la lutte. Il apprend les ficelles du métier dans l’arène, mais aussi en dehors.

« Je suis venu pour défier les meilleurs, affirme-t-il. Mais j’ai compris que je devais passer par des étapes, que le processus est long pour accéder aux grands combats ».

L’Espagnol apprend aussi que la lutte sénégalaise est un mélange de sport, de folklore et de tradition. « J’ai pris un marabout pour ma préparation mystique, avoue-t-il. On y croit ou on n’y croit pas, mais cela fait partie des traditions, et pour l’instant à chaque fois qu’il m’a dit de m’habiller en vert, j’ai remporté mon combat! »

Depuis deux ans, Juan lutte dans l’arène et ses victoires commencent à éveiller la curiosité. Invaincu, son prochain combat est déjà programmé par les promoteurs: une nouvelle étape qui pourrait peut-être amener le « Lion Blanc » vers le haut de l’affiche avec le gotha de la lutte sénégalaise. 

AFP 

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