Le réalisateur belge Thierry Michel a été refoulé dimanche de l’aéroport de Kinshasa, où il devait présenter son film consacré à l’assassinat du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya, a-t-il annoncé lundi à Bruxelles.
Thierry Michel se rendait en RDC pour son film « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat? », qu’il devait projeter pour la première fois dans plusieurs villes du pays à l’invitation d’ONG et avec le soutien d’ambassades européennes.
« A mon arrivée à l’aéroport, j’ai reçu mon visa d’entrée sans encombre. Mais, alors que j’attendais mes bagages, j’ai été emmené par des agents de l’immigration », a expliqué le cinéaste à l’AFP. « Ils m’ont ensuite fait monter à bord d’un avion en partance pour Bruxelles, sans pouvoir téléphoner à l’extérieur ».
Selon lui, le prétexte invoqué, à savoir un défaut du visa, n’était pas valable car il bénéficiait du statut de résident « depuis huit ans et jusqu’à février 2013 ».
« C’est une décision politique, nous sentions que la tension était montée ces dernières semaines », a estimé M. Michel, auteur de plusieurs films sur la RDC, dont « Congo River ».
« L’affaire Chebeya, un crime d’Etat? » relate le procès en 2011 de huit policiers accusés de l’assassinat de Floribert Chebeya, directeur de l’ONG La Voix des Sans-Voix (VSV), qui avait été été retrouvé mort à 47 ans, le 1er juin 2010, après s’être rendu à un rendez-vous à la police à Kinshasa. Son chauffeur est depuis porté disparu.
La justice a condamné à mort le principal suspect, le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite. Un autre avait été condamné à la prison à perpétuité et trois acquittés. Le procès en appel s’est ouvert le 19 juin.
« Ce qui s’est passé hier est le signe d’une crispation du régime. Or mon film n’est pas un réquisitoire, mais le compte-rendu du procès qui était public; il n’y a pas de parti pris, pas d’accusations », a précisé M. Michel.
Le film est déjà sorti dans de nombreux pays et a été primé par des festivals.
M. Michel doit participer à une conférence de presse mardi au Parlement européen. Le Parlement européen avait exprimé en juin, dans une résolution, sa « préoccupation » du fait « que les assassins de Floribert Chebeya courent toujours ». Il avait appelé Kinshasa à « ne pas entraver directement ou indirectement la distribution du film de Thierry Michel ».
AFP