Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra, en visite jeudi au Niger, a souhaité qu’un dialogue s’ouvre « très rapidement » avec ceux qui dans le nord du Mali sont prêts à « combattre le terrorisme » dans cette région désormais contrôlée par les islamistes.
Dans le même temps, un haut responsable du ministère de la Justice a annoncé que le Mali allait saisir la Cour pénale internationale (CPI) « la semaine prochaine » pour « atrocités » commises par les groupes armés qui occupent le Nord du pays.
« Nous sommes prêts à commencer le dialogue avec nos frères maliens qui se trouvent sur le terrain aux côtés ou opposés aux gens d’Aqmi » (Al-Qaïda au Maghreb islamique), a déclaré M. Diarra à l’issue d’un entretien avec le chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou.
Il a souhaité que « ce dialogue puisse commencer très rapidement et nous permette de combattre le terrorisme, qui non seulement a atteint le Mali mais qui menace toute la sous-région ».
A la faveur d’un coup d’Etat à Bamako, le nord du Mali est tombé fin mars aux mains des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et surtout des groupes islamistes Ansar Dine et Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et de leur allié Aqmi.
Les islamistes ont chassé mercredi le MNLA de son dernier bastion et sont désormais les maîtres de toutes les grandes villes du Nord.
Le chef du gouvernement malien a indiqué avoir discuté avec M. Issoufou de la nécessité de « mobiliser » les voisins du Mali, l’Afrique et la communauté internationale « pour venir nous aider à regagner l’intégrité territoriale du Mali ».
Il a remercié pour sa « solidarité fraternelle » le Niger, qui accueille actuellement « plus de 65.000 » réfugiés maliens.
« Nous avons aussi des militaires maliens qui sont là », a-t-il souligné, en référence à plus de 400 soldats maliens cantonnés depuis début mai près de Niamey, après avoir dû fuir face aux rebelles du Nord-Mali.
M. Diarra s’est rendu dans la matinée sur ce site et a rencontré la troupe et son chef, le colonel Alaji Ag Gamou.
En présence de journalistes, le Premier ministre a lancé à ces militaires: « votre nation compte sur vous » pour relever le « défi » de la reconquête du Nord.
« Je viens (…) vous remercier de tout ce que vos avez consenti jusqu’à ce jour et de tout ce que vous êtes prêts à consentir pour libérer notre république, regagner son intégrité territoriale », a-t-il déclaré.
« La troupe malienne qui est là au Niger a le moral. Ils sont vraiment prêts à exécuter toutes les missions qui peuvent (leur) être confiées », a répondu le colonel Gamou.
« En termes d’opération, il y a des choses qui ne se disent pas, mais dans tous les cas, on est en train de se préparer, on finira quand même par retourner chez nous », a-t-il ajouté.
Une éventuelle opération de l’armée malienne dans le Nord devrait s’appuyer, selon les observateurs, sur les hommes du colonel Gamou, qui était un pilier du dispositif militaire dans cette région.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prépare l’envoi éventuel d’une force militaire pour aider l’armée malienne à reconquérir le Nord, une option fortement soutenue par Niamey et qui nécessite l’aval de l’ONU et une demande formelle de Bamako. Elle poursuit cependant des discussions avec des groupes armés sous l’égide de la médiation burkinabè.
Après Niamey, Cheick Modibo Diarra est arrivé jeudi à Dakar, a indiqué le ministère malien de la Communication dans un communiqué. Il doit présenter au président sénégalais Macky Sall « la réalité de la situation au Mali en matière institutionnelle ainsi que les efforts en cours pour la reconquête du nord du pays ».
Au cours des dernières semaines, M. Diarra s’est rendu notamment en Algérie, au Maroc, en Mauritanie et en France.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé jeudi que l’usage de la force dans le nord du Mali était probable « à un moment ou à un autre » et que, pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et de ses alliés, la France était « l’ennemi principal ».
Le ministre a cependant ajouté, au cours d’une rencontre avec la presse diplomatique, que « la France, pour des raisons évidentes, ne peut pas être en première ligne » dans une intervention militaire.
Quant au président des Etats-Unis Barack Obama, il a débloqué 10 millions de dollars pour venir en aide aux réfugiés et déplacés dans le nord du Mali, a annoncé jeudi la Maison Blanche, en se disant « profondément » inquiète de la situation dans cette région.
AFP