Les Verts américains –minoritaires dans le système de bipartisme américain– ont désigné samedi Jill Stein pour les représenter à l’élection présidentielle de novembre, où cette pédiatre de 62 ans défendra des idées fermement ancrées à gauche.
Lors de la convention du parti écologiste, à Baltimore (Maryland, est), Jill Stein a réaffirmé ces idées, espérant faire entendre la voix des écologistes au milieu des luttes au sommet entre démocrates et républicains qui monopolise l’essentiel de l’attention médiatique.
Les Verts veulent promouvoir un système de santé universel, abroger les frais de scolarité dans les universités, annuler les dettes contractées par les étudiants et mettre en place immédiatement un moratoire sur les saisies de maisons. Mme Stein veut aussi mettre en place une « Nouvelle Donne Verte » qui permettrait de créer des millions d’emplois et de s’attaquer à la crise du climat.
Devant les partisans écologistes, elle a recueilli 193,5 votes, loin devant sa plus proche adversaire, l’actrice-militante Roseanne Barr, qui n’a rassemblé que 72 voix. Mme Stein aura comme colistière Cheri Honkala, qui mène depuis des années une croisade contre la pauvreté.
Les deux femmes espèrent pouvoir être en course dans plus de 45 Etats. Elles aimeraient aussi pouvoir se confronter à Barack Obama, le président démocrate sortant, et Mitt Romney, le candidat républicain à la Maison Blanche, dans une série de débats avant l’élection du 6 novembre.
« Nous avons besoin d’un nouveau parti politique qui ne soit pas acheté, qui puisse faire élire un candidat intègre », a lancé Mme Stein devant environ 350 personnes en affirmant que le parti Vert était « le seul qui ne soit pas financé et acheté par l’argent des grandes entreprises ».
Candidate brillante
« Nous sommes 99% et c’est le moment de se réapproprier notre pays », a-t-elle ajouté, en faisant référence au mouvement anticapitaliste « Occupy », dont le slogan oppose les 1% les plus riches au reste de la population.
Mme Stein semble être la candidate écologiste la mieux placée depuis que Ralph Nader a mis les Verts sur le devant de la scène en 2000: les démocrates lui avaient reproché d’avoir fait perdre leur candidat Al Gore lors d’un scrutin extrêmement serré. Nader avait réussi un score de 2,7% et les démocrates estimaient avoir perdu des voix à cause de lui.
Le système « musèle » les voix des Américains, a regretté Mme Stein à propos de l’opposition démocrates-républicains qui cannibalise la vie politique.
« Les politiques de la peur ont conduit à ce que nous redoutions: des guerres, des délocalisations, une baisse des revenus, le renflouement massif d’entreprises à Wall Street, la déliquescence de nos systèmes de santé et de notre système scolaire », a assuré Jill Stein à l’AFP.
La candidate écologiste a eu des années pour rôder son discours. En 2002 elle avait été opposée à Mitt Romney pour le poste de gouverneur du Massachusetts (nord-est). Lors d’un débat télévisé nombre d’observateurs l’avaient trouvée brillante.
Mme Honkala, a quant à elle, une histoire étonnante. Après avoir perdu son travail dans le Minnesota (nord) il y a 25 ans elle s’est retrouvée à la rue avec son fils de 9 ans durant plusieurs mois, habitant dans sa voiture.
Les deux femmes savent qu’elles ne se retrouveront pas à la Maison Blanche en janvier prochain, mais elles veulent profiter de la campagne pour faire passer leurs messages auprès des Américains.
AFP