Le président américain Barack Obama est attendu dimanche dans le Colorado (ouest) pour rencontrer les familles des victimes de la tuerie du cinéma de la banlieue de Denver, lors d’une première du nouveau Batman, qui a fait 12 morts et 58 blessés.
A Aurora, où il passera environ deux heures en fin d’après-midi, M. Obama « rendra visite à des familles de victimes de la fusillade, ainsi qu’à des responsables des autorités locales », a indiqué la Maison Blanche samedi soir, au moment où l’identité des 12 morts a été rendue publique.
La plupart des morts sont âgés d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, la plus âgée ayant 51 ans, selon les services de médecine légale.
La plus jeune est Veronica Moser-Sullivan, une fillette de six ans, dont la mère a été blessée par balles à la nuque et à l’abdomen et se trouve dans un état critique à l’hôpital.
« C’était une jolie petite fille innocente », a confié Annie Dalton la grande tante de la fillette au Denver Post, se souvenant combien elle « adorait se déguiser et lire » et « était bonne à l’école. »
Un jeune homme de 27 ans, Matt McQuinn, est mort en protégeant sa fiancée, selon la chaîne CNN.
La visite à Aurora du président Obama survient alors que la police a affirmé à plusieurs reprises que le tueur présumé James Holmes semble avoir préparé la fusillade depuis plusieurs mois.
Le chef de la police d’Aurora Dan Oates a déclaré que M. Holmes avait reçu chez lui un grand nombre de colis ces quatre derniers mois, ce qui pourrait expliquer comment il a obtenu l’important stock de munitions utilisé pendant la tuerie.
« Nous pensons également que cela va nous permettre de mieux comprendre la présence du matériel qu’il avait dans son appartement », a-t-il poursuivi. « Ce que nous voyons là est, à mon sens, la preuve qu’il y a eu préméditation et une réflexion de sa part. »
Tôt dimanche matin, la police a toutefois démenti des rumeurs de presse évoquant un complice, un de ses camarades doctorant en médecine, qui aurait aidé James Holmes dans sa folie meurtrière et appelé la police en menaçant de sévir s’il n’était pas libéré.
« De nombreuses informations imprécises et non confirmées circulent dans les médias évoquant un deuxième suspect », a déclaré une porte-parole de la police Cassidee Carson. « Une connaissance de M. Holmes a été interrogée samedi soir. Il n’y a aucune raison de penser qu’elle est impliquée. »
La police a également annoncé avoir entièrement déminé à l’aide d’un robot l’appartement piégé à l’explosif par l’auteur présumé de la fusillade. « Tous les éléments dangereux ont été retirés » du logement de James Holmes, ont précisé les forces de l’ordre.
Les artificiers ont pris soin de conserver ces différentes pièces à conviction dans la perspective du procès du tueur présumé, qui sera déféré à la justice lundi à 08H30 (14H30 GMT).
Le mystère reste entier quant au mobile du jeune homme, un étudiant en neurologie de l’Université du Colorado, présenté comme un solitaire, la police se refusant à toute spéculation à cette étape de l’enquête.
Par « mesure de précautions », des brigades de chiens entraînés à la détection de bombes ont inspecté plusieurs bâtiments de l’école de médecine de l’Université du Colorado, où James Holmes était étudiant jusqu’au mois dernier, mais n’ont rien remarqué d’inhabituel, a également précisé le chef de police Dan Oates.
Sept victimes toujours hospitalisées
La fusillade s’est produite dans une salle bondée du multiplex « Century 16 », lors d’une première à minuit de « The Dark Knight rises », dernier volet de la trilogie Batman dont la sortie était attendue par des millions de fans.
Selon Bob Snyder, chirurgien du centre médical d’Aurora, sept patients sont encore à l’hôpital, dont quatre en soins intensifs. De nombreux blessés vont souffrir de séquelles à long terme.
M. Obama avait suspendu de facto sa campagne en vue de la présidentielle du 6 novembre après le drame, évoquant une « tragédie » qui rappelle « ce qui nous unit en tant qu’Américains ». Son adversaire républicain Mitt Romney avait fait de même.
La tuerie a relancé l’éternel débat sur la réglementation des armes à feu, un sujet que M. Obama est accusé d’avoir soigneusement évité depuis son arrivée à la Maison Blanche.
Après le choc d’Aurora, la campagne électorale en vue de la présidentielle du 6 novembre devrait reprendre ses droits lundi.
Dimanche soir, M. Obama ira à San Francisco (Californie) pour entamer comme prévu le lendemain une tournée de trois jours qui le mènera aussi notamment à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest) et en Louisiane (sud).
AFP