Né le 9 février 1957 dans la région d`Issia (centre-ouest ivoirien), « il est mort dans la nuit de mardi à mercredi à Jérusalem », a déclaré à l`AFP un membre de sa famille, sans préciser quelle était sa maladie.
« C`est ce (mercredi) matin que j`ai été informé. On le savait malade », a indiqué Augustin Guéhoun, un responsable du Front populaire ivoirien (FPI), parti de M. Gbagbo.
Cacique du FPI, M. Bohoun Bouabré a été ministre de l`Economie puis du Plan sous la présidence de Laurent Gbagbo et était un pilier du régime.
Réfugié à l`extérieur du pays depuis plusieurs mois, il faisait l`objet d`un mandat d`arrêt de la justice ivoirienne pour « crimes économiques » commis durant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 morts et s`est conclue avec l`arrestation de M. Gbagbo.
Le nom de cet économiste a été régulièrement cité dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en avril 2004 à Abidjan. Il avait été entendu, de même que l`ex-Première dame Simone Gbagbo, par le juge français Patrick Ramaël à Abidjan en avril 2009 dans le cadre de l`affaire.
Comme grand argentier du pouvoir, M. Bohoun Bouabré avait été souvent mis en cause par Kieffer dans ses articles pour de présumées malversations. Mais il avait nié tout lien avec la disparition de ce dernier.
Après la découverte d`ossements la semaine dernière près d`Issia, les résultats d`analyses ADN devraient « vraisemblablement » être connus « vendredi au plus tard » et permettre de dire s`il s`agit bien de Kieffer, a estimé mercredi Me Alexis Gublin, l`avocat du frère du journaliste, Bernard Kieffer.
Samedi, l`épouse du disparu, Osange Silou-Kieffer, avait dit attendre mardi ou mercredi les résultats des analyses ADN. Mais mercredi en fin de journée aucun résultat n`avait été communiqué à la famille.
« C`est une perte terrible, non seulement pour le parti mais pour toute la Côte d`Ivoire », a affirmé à l`AFP le président du FPI, Sylvain Miaka Oureto, réagissant à la mort de l`ancien ministre.
« C`est un haut cadre de la Côte d`Ivoire qui s`en est allé dans des conditions vraiment tristes, loin de son pays », a-t-il poursuivi.
« Combien seront-ils à mourir, les cadres ivoiriens en exil parce qu`ils ont peur d`être pourchassés s`ils rentrent? », a lancé M. Oureto, jugeant « urgent que des mesures soient prises pour leur retour ».
Le FPI appelle régulièrement le pouvoir du président Alassane Ouattara à faciliter le retour des personnalités pro-Gbagbo parties en exil durant et après la crise postélectorale. Plusieurs d`entre elles sont sous le coup d`un mandat d`arrêt de la justice ivoirienne.
AFP