Ces nouvelles turbulences sont aggravées par l’impasse des négociations sur la dette de la Grèce, pourtant vitales pour éviter à Athènes la faillite.
Après le succès des premières émissions obligataires de l’année en Italie et en Espagne, qui semblait éloigner le spectre d’une propagation de la crise à ces poids lourds de la zone euro, Standard and Poor’s (S&P) a mis vendredi une grande partie de ses menaces à exécution.
L’agence d’évaluation financière, qui envisageait d’abaisser la note de 16 des 17 Etats de l’Union monétaire, en a finalement dégradé neuf.
Le principal coup de tonnerre concerne la France, deuxième économie européenne, qui perd son « AAA », meilleure note possible, et descend d’une marche, comme l’Autriche, à « AA+ ». La sanction est d’autant plus nette que les quatre autres « triple A » de la zone euro, Pays-Bas, Luxembourg, Finlande mais surtout Allemagne, conservent cette distinction qui permet de s’endetter à moindre coût.
Les pays déjà dans le viseur des marchés sont aussi durement frappés: l’Italie et l’Espagne sont dégradées de deux crans, les dettes du Portugal et Chypre sont reléguées par S&P au rang d’investissements « spéculatifs ». Les notes de Malte, de la Slovaquie et de la Slovénie sont abaissées d’un cran. Sans compter que l’agence laisse planer la menace d’une nouvelle dégradation d’ici fin 2013 pour tous les pays de la zone euro à l’exception de l’Allemagne, plus que jamais désignée comme le bon élève, et de la Slovaquie.
Les institutions et les dirigeants européens sont les premiers visés par les critiques de S&P, très sévère à l’égard des solutions « insuffisantes » apportées à la crise de la dette au fil des multiples sommets « de la dernière chance ».
« Alors que tous les gouvernements et toutes les institutions européennes sont mobilisés », « je reste étonné du moment choisi par l’agence », a déclaré samedi le commissaire européen aux Services financiers Michel Barnier, regrettant qu’elle ne prenne « pas en compte les progrès actuels ». Bruxelles a qualifié cette décision d' »aberrante ».
« L’efficacité, la stabilité et la prévisibilité de la politique et des institutions politiques européennes ne sont pas aussi solides qu’il le faudrait », prévient S&P, qui déplore « une réforme reposant sur le seul pilier de l’austérité budgétaire ».
C’est donc en partie le futur traité de stricte discipline budgétaire voulu par l’Allemagne, avec le soutien de la France, qui est dans son collimateur. Ainsi que l’insuffisance des « ressources » et de la « flexibilité » octroyés aux fonds de secours de la zone euro, au moment où Berlin refuse de remettre au pot pour endiguer la propagation de la crise.
Mais c’est la France, avec son « niveau relativement élevé de la dette publique » et les « rigidités de son marché du travail », qui fait les frais de ce réquisitoire.
A moins de cent jours de l’élection présidentielle française, la dégradation tombe au plus mal pour Nicolas Sarkozy, candidat très probable à un second mandat. Le président a longtemps fait une priorité de la sauvegarde du « triple A », qualifié par un de ses proches conseillers de « trésor national ».
Son adversaire socialiste François Hollande, favori des sondages, a accusé samedi le président d’avoir « perdu » sa « bataille » pour « la conservation du triple A ».
La dégradation est « une alerte qui ne doit pas être dramatisée, pas plus qu’elle ne doit être sous-estimée », a rétorqué le Premier ministre François Fillon, tout en critiquant une décision « à contre-temps au regard des efforts engagés par la zone euro ».
Selon lui, « la France est un pays sûr » dans lequel les investisseurs « peuvent avoir confiance ».
« Je crois que nous sommes tous étroitement liés les uns aux autres », a assuré de son côté le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. « Nous sommes ensemble sur la bonne voie », a-t-il estimé.
Alors que Paris est fragilisé sur la scène européenne et au sein du couple franco-allemand, François Fillon a assuré qu’il n’y avait « aucune raison pour que nos relations changent » avec l’Allemagne.
La dégradation risque d’augmenter les taux d’intérêt auxquels emprunte la France, qui sera confrontée jeudi à une importante émission obligataire.
Elle risque surtout d’avoir de graves répercussions dans la zone euro. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), ce mécanisme de secours pour les Etats en difficulté, pourrait perdre à son tour dans les prochains jours sa note « AAA », garantie conjointement par Paris et Berlin, ce qui compliquerait encore plus sa tâche.
La décision de S&P a presque occulté un autre séisme, venu de Grèce, épicentre de la crise depuis 2010: les banques, engagées dans un bras de fer avec les dirigeants européens pour aboutir à l’effacement de la moitié de la dette grecque qu’elles détiennent, ont suspendu vendredi leurs négociations.
Pire, elles menacent à demi-mot de revenir sur leur engagement, pris le 27 octobre, de restructurer volontairement la dette d’Athènes, condition nécessaire pour éviter une faillite incontrôlée du pays qui, faute d’accord, pourrait intervenir fin mars. Coup de bluff ou véritable menace? Les discussions reprendront mercredi.
Après le succès des premières émissions obligataires de l’année en Italie et en Espagne, qui semblait éloigner le spectre d’une propagation de la crise à ces poids lourds de la zone euro, Standard and Poor’s (S&P) a mis vendredi une grande partie de ses menaces à exécution.
L’agence d’évaluation financière, qui envisageait d’abaisser la note de 16 des 17 Etats de l’Union monétaire, en a finalement dégradé neuf.
Le principal coup de tonnerre concerne la France, deuxième économie européenne, qui perd son « AAA », meilleure note possible, et descend d’une marche, comme l’Autriche, à « AA+ ». La sanction est d’autant plus nette que les quatre autres « triple A » de la zone euro, Pays-Bas, Luxembourg, Finlande mais surtout Allemagne, conservent cette distinction qui permet de s’endetter à moindre coût.
Les pays déjà dans le viseur des marchés sont aussi durement frappés: l’Italie et l’Espagne sont dégradées de deux crans, les dettes du Portugal et Chypre sont reléguées par S&P au rang d’investissements « spéculatifs ». Les notes de Malte, de la Slovaquie et de la Slovénie sont abaissées d’un cran. Sans compter que l’agence laisse planer la menace d’une nouvelle dégradation d’ici fin 2013 pour tous les pays de la zone euro à l’exception de l’Allemagne, plus que jamais désignée comme le bon élève, et de la Slovaquie.
Les institutions et les dirigeants européens sont les premiers visés par les critiques de S&P, très sévère à l’égard des solutions « insuffisantes » apportées à la crise de la dette au fil des multiples sommets « de la dernière chance ».
« Alors que tous les gouvernements et toutes les institutions européennes sont mobilisés », « je reste étonné du moment choisi par l’agence », a déclaré samedi le commissaire européen aux Services financiers Michel Barnier, regrettant qu’elle ne prenne « pas en compte les progrès actuels ». Bruxelles a qualifié cette décision d' »aberrante ».
« L’efficacité, la stabilité et la prévisibilité de la politique et des institutions politiques européennes ne sont pas aussi solides qu’il le faudrait », prévient S&P, qui déplore « une réforme reposant sur le seul pilier de l’austérité budgétaire ».
C’est donc en partie le futur traité de stricte discipline budgétaire voulu par l’Allemagne, avec le soutien de la France, qui est dans son collimateur. Ainsi que l’insuffisance des « ressources » et de la « flexibilité » octroyés aux fonds de secours de la zone euro, au moment où Berlin refuse de remettre au pot pour endiguer la propagation de la crise.
Mais c’est la France, avec son « niveau relativement élevé de la dette publique » et les « rigidités de son marché du travail », qui fait les frais de ce réquisitoire.
A moins de cent jours de l’élection présidentielle française, la dégradation tombe au plus mal pour Nicolas Sarkozy, candidat très probable à un second mandat. Le président a longtemps fait une priorité de la sauvegarde du « triple A », qualifié par un de ses proches conseillers de « trésor national ».
Son adversaire socialiste François Hollande, favori des sondages, a accusé samedi le président d’avoir « perdu » sa « bataille » pour « la conservation du triple A ».
La dégradation est « une alerte qui ne doit pas être dramatisée, pas plus qu’elle ne doit être sous-estimée », a rétorqué le Premier ministre François Fillon, tout en critiquant une décision « à contre-temps au regard des efforts engagés par la zone euro ».
Selon lui, « la France est un pays sûr » dans lequel les investisseurs « peuvent avoir confiance ».
« Je crois que nous sommes tous étroitement liés les uns aux autres », a assuré de son côté le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. « Nous sommes ensemble sur la bonne voie », a-t-il estimé.
Alors que Paris est fragilisé sur la scène européenne et au sein du couple franco-allemand, François Fillon a assuré qu’il n’y avait « aucune raison pour que nos relations changent » avec l’Allemagne.
La dégradation risque d’augmenter les taux d’intérêt auxquels emprunte la France, qui sera confrontée jeudi à une importante émission obligataire.
Elle risque surtout d’avoir de graves répercussions dans la zone euro. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), ce mécanisme de secours pour les Etats en difficulté, pourrait perdre à son tour dans les prochains jours sa note « AAA », garantie conjointement par Paris et Berlin, ce qui compliquerait encore plus sa tâche.
La décision de S&P a presque occulté un autre séisme, venu de Grèce, épicentre de la crise depuis 2010: les banques, engagées dans un bras de fer avec les dirigeants européens pour aboutir à l’effacement de la moitié de la dette grecque qu’elles détiennent, ont suspendu vendredi leurs négociations.
Pire, elles menacent à demi-mot de revenir sur leur engagement, pris le 27 octobre, de restructurer volontairement la dette d’Athènes, condition nécessaire pour éviter une faillite incontrôlée du pays qui, faute d’accord, pourrait intervenir fin mars. Coup de bluff ou véritable menace? Les discussions reprendront mercredi.
AFP