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Moines de Tibéhirine: les juges en quête de témoins algériens pour retracer la détention

Moines de Tibéhirine: les juges en quête de témoins algériens pour retracer la détention
Les juges enquêtant sur la mort des sept moines de Tibéhirine demandent à se rendre en Algérie pour autopsier les têtes des religieux mais aussi localiser et faire entendre une vingtaine de témoins pouvant éclaircir les circonstances de leur enlèvement et de leur détention. Dans une commission rogatoire internationale (CRI) adressée aux autorités algériennes, les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux précisent vouloir faire exhumer et autopsier les têtes des moines à Tibéhirine avec deux médecins légistes, un expert en empreintes génétiques et un photographe de l’identité judiciaire, et les réinhumer immédiatement après.
Ils demandent également des informations sur 22 témoins cités par des repentis du Groupe islamique armé (GIA) dans des auditions filmées en 2006 par les autorités algériennes et adressées à Jean-Louis Bruguière, premier magistrat chargé de l’enquête, selon ce document consulté mercredi par l’AFP.
Un repenti, Redouane Kechniti cite ainsi les noms d’un « groupe de geôliers » au lieu-dit Tala Es-Ser où les moines auraient, selon lui, été détenus.
Un autre repenti déclare dans son audition qu’Abderrazak El Para, un temps présenté comme responsable du GIA, faisait partie du groupe ayant acheminé les moines jusqu’à proximité de Tala Es-Ser et qu’avec un certain Abou Loubaba, « ils étaient en possession des passeports de certains des otages ».
Présenté comme proche de l’émir du GIA Djamel Zitouni, El Para est soupçonné d’avoir été proche du contre-espionnage algérien.
Les juges demandent également à l’Algérie des informations sur l’identité de l’émissaire du GIA venu le 30 avril 1996 avec un message de Djamel Zitouni et une cassette audio contenant un message lu par les moines.
Deux témoins français affirment qu’il s’agit d’un ancien chauffeur de l’agence française de développement à Alger, Mustapha Abdallah, dont l’un des frères faisait parti du commando abattu à Marseille lors du détournement d’un Airbus d’Air France le 24 décembre 1994.
Les juges demandent par ailleurs à l’Algérie des détails sur la découverte d’une cassette audio contenant le compte-rendu fait par l’émissaire du GIA de sa visite au consulat de France.
Ils sollicitent en outre des informations sur les tentatives d’assassinat perpétrées à Medea, le jour de l’enlèvement des moines, sur deux personnes dont le cheikh Hocine Slimani, qui avait dit avoir été sollicité par la communauté catholique Sant’Egedio pour tenter d’intervenir dans l’affaire.
« Je me félicite de cette commission rogatoire internationale très complète qui ne se limite pas à une autopsie mais également à la possibilité d’entendre des personnes liées à l’enlèvement ou la détention des moines », a déclaré Me Patrick Baudouin à l’AFP, avocat des proches des moines.
« J’espère que les autorités algériennes vont donner rapidement une réponse favorable. Une réponse négative ne pourrait que jeter la suspiçion sur une éventuelle implication de militaires ou des services algériens », a-t-il ajouté.
Les sept moines ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé situé près de Medea. Le GIA de Djamel Zitouni avait revendiqué leur enlèvement et leur assassinat.
Leurs têtes avaient été retrouvées le 30 mai au bord d’une route de montagne mais leurs corps ne l’ont jamais été.
Après avoir suivi la thèse islamiste, l’enquête judiciaire s’est réorientée depuis 2009 et le témoignage d’un ancien attaché de défense à Alger vers une bavure de l’armée algérienne.

AFP

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