jeudi, novembre 21, 2024
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Patrice Lumumba honoré à Kinshasa, dernière étape du périple de son cercueil en RDC

Jeunes et anciens, hommes et femmes, autorités et chefs coutumiers se sont inclinés lundi devant le cercueil de Patrice Lumumba à Kinshasa, dernière étape du pèlerinage mémoriel qui a retracé la vie du héros de l’indépendance de la République démocratique du Congo.

Un deuil national a commencé au moment où l’avion transportant sa dépouille, dont il ne reste qu’une dent restituée le 20 juin par la Belgique à la RDC, a quitté le Haut-Katanga (sud-est), où Patrice Lumumba avait été assassiné il y a 61 ans. Les drapeaux seront en berne jusqu’à la cérémonie d’inhumation prévue jeudi.

Comme aux étapes du Sankuru (centre), sa terre natale, de Kisangani (nord-est), son ancien fief politique, et du Haut-Katanga, un programme culturel et religieux a débuté à Kinshasa, où la relique du premier Premier ministre de l’ex-Congo belge indépendant a été accueillie à l’aéroport par le président Félix Tshisekedi.

Le cortège s’est rapidement rendu au Palais du peuple, siège du Parlement, où le cercueil recouvert d’un drapeau congolais a été exposé dans le grand hall. Très vite, le défilé silencieux, recueilli, a commencé.

Un petit groupe de chefs coutumiers arrive, reste quelques instants. « Dans ce cercueil, il y a l’esprit de Lumumba qui vient de rentrer sur la terre de ses ancêtres », déclare à l’AFP Evariste Bekanga, secrétaire général de l’association des chefs coutumiers de la RDC.

« Nous l’avons intronisé chef coutumier, pour qu’il participe à la protection de notre pays et du peuple congolais », ajoute-t-il.

Dehors, des militants du Parti lumumbiste unifié (PALU), parti créé après la mort de Patrice Lumumba, brandissent des drapeaux.

« Je suis heureuse de vivre ces moments de grande émotion. Maintenant je sais que Lumumba a été tué. On peut faire le deuil », témoigne Monique Ngalu, qui comptait assister dans la soirée à la veillée funèbre.

Dans la petite foule de visiteurs se trouvent des jeunes, dont quelques sosies de Lumumba, raie à gauche, lunettes, chemise blanche et noeud papillon.

Gaël, 22 ans, étudiant en droit, n’a pas l’allure du héros national. Mais il est venu « pour témoigner », parce que, dit-il, « Lumumba est un modèle pour notre pays ». « Il était spécial comme dirigeant politique. Il était un prophète politique », ajoute le jeune homme.

– Légende –

Élu en mai 1960 député de la circonscription de Kisangani, c’est à Kinshasa (l’ex-Léopoldville) que Patrice Lumumba avait été désigné Premier ministre, en sa qualité de chef de file de la coalition majoritaire dans les deux chambres du Parlement.

Mais c’est avec un discours contre le racisme des colons belges qu’il est entré dans la légende, le 30 juin 1960. « Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres », déclarait-il à Kinshasa devant le roi Baudouin, lors de la cérémonie officielle marquant l’indépendance du pays.

Selon les historiens, ce discours virulent avait scellé le sort de ce nationaliste considéré comme un « communiste » par ses détracteurs.

Son bail à la tête du gouvernement du nouvel État indépendant n’a duré que 75 jours, du 30 juin au 12 septembre 1960.

Son gouvernement fut neutralisé par le président Joseph Kasa-Vubu et le chef de l’armée Joseph-Désiré Mobutu, qui ont installé une équipe intérimaire baptisée « gouvernement des commissaires généraux ».

Mis en résidence surveillée, il a pu échapper à la vigilance des militaires commis à sa garde et a quitté Kinshasa par la route pour rejoindre son fief de Kisangani, où ses proches l’avaient précédé pour préparer la résistance.

Mais avant d’atteindre le centre du pays, ses bourreaux l’ont arrêté et ramené auprès de ses redoutables adversaires, qui lui ont imposé un chemin de croix jusqu’à sa mise à mort par des séparatistes katangais à Shilatembo, près de Lubumbashi, avec l’appui de mercenaires belges.

Son corps, dissous dans l’acide, n’a jamais été retrouvé. Il a fallu des décennies pour découvrir que des restes humains avaient été conservés en Belgique, quand un policier belge ayant participé à la disparition s’en est vanté dans les médias.

Une dent que ce policier avait en sa possession a été saisie en 2016 par la justice belge.

La cérémonie d’inhumation se déroulera le 30 juin, jour de la fête de l’Indépendance, dans un site aménagé sur une grande artère qui porte le nom de Lumumba.

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