vendredi, novembre 22, 2024
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Mali: un ex-Premier ministre de Keïta écroué dans un dossier de fraude présumée

Soumeylou Boubèye Maïga, qui fut de 2017 à 2019 le Premier ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé il y a un an par un coup d’Etat, a été écroué jeudi dans une affaire de fraude présumée, a annoncé son avocat, Kassoum Tapo.

Poids lourd de la politique malienne, Soumeylou Boubèye Maïga, 67 ans, a aussi été ministre des Affaires étrangères et de la Défense et chef des services de renseignement. Il n’a jamais confirmé ni démenti officiellement les intentions qui lui sont prêtées de candidature présidentielle.

« Soumeylou Boubèye Maïga a été mis ce jeudi sous mandat de dépôt par la Cour suprême du Mali dans une affaire d’atteinte aux biens publics », a précisé un membre de la Cour suprême, qui a requis l’anonymat. Il est soupçonné d’escroquerie, faux, usage de faux, et favoritisme, selon cette source.

L’ancien chef de gouvernement est arrivé en milieu d’après-midi à la maison d’arrêt de Bamako, a-t-on appris auprès d’un responsable de la prison.

Il est soupçonné essentiellement dans le cadre de l’achat en 2014, alors qu’il était ministre de la Défense, d’un avion présidentiel pour un montant de 20 milliards de francs CFA (environ 30,5 millions d’euros), une acquisition épinglée par le Bureau vérificateur général (BVG), autorité malienne indépendante qui a dénoncé des pratiques de surfacturation, de détournement de fonds publics, de fraude, de trafic d’influence et de favoritisme.

L’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, a été inculpée et mise sous mandat de dépôt jeudi pour les mêmes motifs, a-t-on appris auprès d’un magistrat. Elle a été transférée à la prison pour femmes de Bollé, à Bamako.

– « Grande lessive » –

Le procureur de la Cour suprême, Mamadou Timbo, avait annoncé mardi à la télévision publique que ce dossier n’était pas clos, contrairement à ce qu’avait publiquement déclaré le 19 août Soumeylou Boubèye Maïga, qui avait assuré avoir été blanchi par le classement sans suite en 2018 de l’affaire.

« A un moment donné, sous l’ancien régime, il avait été instruit au procureur de la République du pôle économique et financier d’alors de classer l’affaire sans suite (…). Par la suite, un autre ministre de la Justice a estimé que cette affaire ne devait pas faire l’objet d’un classement sans suite. Des enquêtes complémentaires ont été menées (…). Le travail judiciaire se fera », avait alors expliqué le procureur.

« Il n’y a rien de plus dangereux pour la bonne santé d’une République que l’impunité », avait-il souligné.

« Cette affaire d’avion présidentiel peut éclabousser beaucoup de monde, c’est peut-être le début d’une grande lessive », a commenté un ancien haut fonctionnaire malien.

Soumeylou Boubèye Maïga est réputé disposer d’un important réseau dans les milieux sécuritaires maliens et régionaux. Il dirige l’ASMA-CFP (Alliance pour la solidarité au Mali- Convergence des forces patriotiques).

Il avait été contraint de quitter le ministère de la Défense en mai 2014, après une lourde défaite de l’armée à Kidal (nord-est) face à la rébellion touareg.

– Militaires au pouvoir –

Nommé Premier ministre en 2017, il avait été contraint à la démission en avril 2019 après le massacre le mois précédent de quelque 160 civils peuls à Ogossagou (centre) et une série de manifestations contre la gestion de l’Etat.

Le président Keïta a été renversé par un putsch militaire le 18 août 2020 à la suite de plusieurs mois de manifestations contre la corruption et l’impuissance de l’Etat face à la violence.

Le nouvel homme fort, le colonel Assimi Goïta, s’est engagé à céder la place à des civils, après des élections présidentielle et législatives prévues en février 2022.

Mais le doute persiste quant à la faculté des autorités à tenir les échéances dans les six mois qui leur restent, tant les obstacles à surmonter sont considérables dans ce pays en pleine tourmente depuis des années. La propagation jihadiste et les violences de toutes sortes vont de pair avec de graves crises politique et sociale.

Les violences au Mali, qui ont débuté par des rébellions indépendantiste puis jihadiste dans le Nord, se sont ensuite propagées au centre et au sud du pays, se mêlant à des conflits intercommunautaires et à des attaques crapuleuses dans des zones où l’influence de l’Etat est très faible.

Le phénomène s’est étendu au Burkina Faso et au Niger voisins, où opèrent également des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’organisation Etat islamique.

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