samedi, novembre 23, 2024
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L’île Maurice rouvre ses frontières aux vaccinés en manque de soleil

L’île Maurice, Etat confetti de l’océan Indien, rouvre jeudi ses frontières, presque totalement fermées depuis le début de la pandémie en mars 2020, aux voyageurs internationaux. Mais le bain de soleil a un prix.

Non seulement les vacanciers doivent être vaccinés et porteurs d’un test PCR négatif, mais il leur faudra en plus se soumettre à une quarantaine de 14 jours, dans une « bulle hôtelière ».

George Lepoigner, chauffeur de taxi dans la capitale mauricienne Port-Louis, a hâte de voir les touristes revenir vers les plages paradisiaques et les eaux turquoises de son île.

« Sans les touristes dans le pays, nous n’avons pas de devises étrangères qui rentrent. Nous n’avons pas les fonds pour continuer à vivre », affirme M. Lepoigner, 55 ans et père de deux enfants.

– Pas de spas –

La pandémie a durement touché l’île Maurice, dont une part importante de l’économie repose sur les revenus générés par le secteur du tourisme.

Avant l’irruption de l’épidémie sur l’île en mars 2020, le tourisme et l’hôtellerie totalisaient environ 24% du PIB et près d’un quart des emplois.

Mais au cours de la dernière année fiscale, l’économie tout entière s’est contractée de 15%. Et le pays s’impatiente de voir revenir ses précieux touristes.

En juin, le ministre des Finances Renganaden Padayachy annonçait l’objectif « d’atteindre 650.000 touristes dans les 12 prochains mois », précisant que le rétablissement serait « progressif et continu ».

Il ajoutait que l’autorité en charge du tourisme allait être dotée de quelque 420 millions de roupies mauriciennes (8,3 millions d’euros) pour promouvoir le pays dans ses marchés clés, comme la Chine, l’Europe et l’Afrique du Sud.

Mais les professionnels du tourisme devront cependant attendre avant de ressentir un rebond: la réouverture complète des frontières, sans les restrictions, n’est en effet prévue que le 1er octobre.

En attendant, les touristes pourront jouir de leur « resort » et de la plage, mais ne pourront pas profiter du reste de l’île pendant leur quarantaine, pas plus que de certains services, comme les spas.

Selon Le Mauricien, un des principaux journaux locaux, 600 touristes étaient attendus jeudi, en provenance d’Europe et de Dubaï.

-« Je choisis le Covid »-

Gilbert Espitalier-Noel, directeur général des hôtels New Mauritius, un acteur important du secteur, note avec morosité ne pas s’attendre à une reprise avant le dernier trimestre 2021.

Les revenus de ses hôtels ont plongé à 940 millions de roupies (18,6 millions d’euros) sur la période allant de juin 2020 à mars 2021, contre 7,6 milliards de roupies (150 millions d’euros) pour juin 2019-mars 2020.

« Bien que nous ayons pris des mesures pour réduire les dépenses, à travers des réductions de salaire, des départs en retraite volontaires, et en maintenant les dépenses opérationnelles à leur minimum, l’entretien des hôtels reste significatif », ajoute-t-il.

Les effets de la crise ne se sont pas limités au tourisme, mais se sont fait sentir dans les transports, l’agriculture ou encore la vente.

Évoquant les effets d’entraînement au-delà du secteur touristique, l’économiste Rama Sithanen souligne que « Maurice n’est pas sorti de ce choc brutal et immense ».

Comme d’autres pays dans le monde, l’île, qui a enregistré quelque 2.190 cas d’infections et 20 décès pour une population totale de 1,2 million d’habitants, se bat désormais contre des variants plus virulents du virus, dont le Delta.

Mais pour M. Lepoigner, le retour des touristes ne peut plus attendre.

« Même s’il y a un risque de contamination avec le nouveau variant, soit nous mourons de faim, soit nous mourons du Covid. Je choisirai le Covid puisque 99,9% des Mauriciens ont survécu au virus depuis l’année dernière », lâche-t-il.

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