La ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), continuait lundi d’être secouée par de nombreuses et fortes secousses telluriques, suscitant la peur des habitants à peine revenus dans la cité, deux jours après l’éruption du volcan Nyiragongo toujours grondant.
« Ça se multiplie et ça vient à tout moment », a déclaré à l’AFP un habitant, jugeant cela « très inquiétant ». « La nuit a été longue, la peur au ventre est là ».
« Il vient juste d’y avoir une grosse secousse, j’ai même peur de rester dans le bureau », a déclaré au téléphone Déborah, une employée d’une organisation internationale. « Je me demande si je dois rester ou partir à la maison, ça a même coupé l’électricité », s’est-elle inquiété.
Déjà très nombreux hier dimanche, ces séismes se sont poursuivis toute la nuit et lundi matin sur un rythme soutenu, parfois avec une forte intensité.
Dans la ville de Goma, la population, en partie de retour après avoir fui en masse l’éruption samedi soir, sortait parfois des immeubles à étages et des maisons au fil des séismes.
Les écoles n’ont pas rouvert et les élèves ont été invités à rester chez eux, sur ordre des autorités provinciales.
Cinq personnes ont été tuées par les émanations de gaz toxiques, alors qu’elles tentaient de traverser un tronçon de lave encore chaude, à 13 km au nord de Goma, selon un représentant de la société civile.
Samedi soir, le volcan Nyiragongo, dont les sombres pentes majestueuses dominent Goma et le lac Kivu, était entré soudainement en éruption, provoquant la peur et la fuite des populations.
Deux coulées de lave se sont échappées de ses flancs, dont une est arrivée jusqu’à la lisière de Goma, où elle s’est immobilisée dimanche matin.
De nombreuses habitations ont été englouties par cette langue de lave s’étendant sur des centaines de mètres, qui a par ailleurs coupé sur plusieurs centaines de mètres la route reliant Goma à Butembo, la principale du Nord-Kivu et axe important du commerce régional.
La précédente éruption majeure du Nyiragongo, le 17 janvier 2002, avait fait une centaine de morts, sur un scénario semblable, une coulée de lave coupant la ville pour se déverser dans le lac Kivu.
Deux jours après l’éruption, une « incertitude » persiste sur la poursuite de l’activité volcanique, de l’aveu même d’un responsable de l’Observatoire de volcanologie de Goma (OVG), Kasereka Mahinda.
« S’il n’y a pas de lave dans le cratère, ces tremblements de terre se produisent puisque la terre est en train de reconstituer son équilibre », a-t-il expliqué.
Mais « s’il y a de la lave dans le cratère, les fracturations causées par les tremblements de terre seraient une nouvelle activité », a-t-il avancé.
– Vapeurs toxiques –
Lundi, la lave rocheuse noirâtre étaient encore chaude, de la fumée se dégageant par endroit. Des dizaines de personnes, curieuses et inquiètes, se rendaient sur les lieux. Tandis que des piétons s’aventuraient sur la lave, malgré le risque des vapeurs toxiques, traversant notamment la route là où elle a été ensevelie.
Le volcan au loin était calme en apparence, avec ses habituelles fumerolles s’échappant du cratère à l’horizon.
Selon les autorités, au total 17 villages ont été touchés, les dégâts matériels sont très importants, tandis que quinze personnes sont mortes: neuf personnes accidentées, deux calcinées, quatre prisonniers tués alors qu’ils tentaient de s’évader.
L’éruption a pris tout le monde de court, y compris les autorités, forcées d’ordonner dans l’urgence l’évacuation de la ville. Des dizaines de milliers de personnes ont alors fui vers le Rwanda, au sud de Goma, ou vers le sud-ouest, en direction de la région du Masisi.
Une grande partie de la population est revenue dimanche et la ville présentait lundi son activité habituelle. Commerces et stations service ont rouvert, la circulation a repris normalement, a-t-on constaté.
Une délégation gouvernementale, forte de sept ministres, est par ailleurs sur place depuis lundi matin pour « faire l’état des lieux » et appuyer « l’aide aux populations » déplacées et sinistrées.
Des centaines de ces sinistrés, dont les maisons ont été détruites par la lave, ont passé la nuit livrés à eux-mêmes dans la rue, sur des matelas pour les plus chanceux.