Entreprise spécialisée dans la production de jus d’ananas bio, « Les Jus Tillou » fait florès et la fierté de sa promotrice. Bertille Guèdègbé Marcos, par défi, s’est lancée dans l’agrobusiness avec la volonté de s’imposer par ses produits. Itinéraire d’un ingénieur agronome qui a tout lâché pour les champs d’ananas et la transformation de ce fruit tropical…
C’est par une visite guidée que le contact s’est fait avec l’usine de production de jus d’ananas bio installée depuis 2016, juste à l’entrée de la ville d’Allada, à 56 km de Cotonou, capitale économique du Bénin. Flambant neuf, ce joyau laisse aux visiteurs le soin de conter ses merveilles. Murs et planches soigneusement entretenus, l’unité séduit par son envergure et tout le modernisme qui fait son charme. Laboratoire aseptisé, salle de machines dédiées à la production, aire de stockage des produits, innombrables bureaux et compartiments…L’unité de transformation dirigée par Bertille Guèdègbé Marcos reste une fierté pour les populations de la cité des Adjahouto. Un fleuron du maigre tissu industriel béninois. « Les Jus Tillou » produit 12 000 litres de jus bio par jour, vendus à travers des fûts aseptiques de 200 litres et dans des conditionnements unitaires de pure pack de 500 et 1 000 ml. Une production largement au-delà des 600 litres de jus par jour que distillait l’unité artisanale montée au début par la promotrice, naguère exportatrice d’ananas frais vers l’occident.
Cette unité de production déjà certifiée BIO distribue ses jus sur les marchés européen, régional et local.
L’ingénieure agronome qui écumait les champs d’ananas pour former les producteurs s’est finalement investie dans l’activité de ses ‘’élèves’’ en répondant à un challenge.
«Au cours d’une de mes sessions de formation, les producteurs ont lancé un défi, c’était de me voir produire de l’ananas pas de façon théorique mais pratique. J’ai accepté le défi et ils ont pris la peine de me trouver des terres en location pour faire valoir ce que je sais faire», confie Bertille Guèdègbé Marcos.
Un challenge qu’elle a su relever en ralliant à sa cause des producteurs. Lentement mais sûrement elle surmonte les difficultés avec le ferme engagement de réussir dans cette activité pour laquelle elle a tout abandonné.
Ainsi débute pour elle l’activité d’exportation de l’ananas frais vers l’Europe en 2003. « Deux tonnes toutes les semaines en 2003. Et puis en 2015, j’exportais environ 60 tonnes par semaine ». Une expérience qui la conduira par la suite vers la transformation des fruits en jus.
Entreprenante et prête à braver les obstacles, elle a mis en place en 2008 une unité artisanale de production de jus et de cocktail à base d’ananas, dans sa quête de solutions aux problèmes de mévente sur le marché local ainsi que de rejet par le marché international de certains produits et d’apporter du travail aux femmes du village de Soyo où est érigée sa plantation.
Une battante inspirante
« En réfléchissant à comment apporter de la plus-value à cette activité j’ai décidé de créer une unité artisanale de production de jus de fruits. Timidement avec 24 bouteilles de jus produit je me suis retrouvée en 2015 à 600 litres de jus par jour, ce qui fait l’équivalent de 2000 cartons par jour. Cette quantité d’ananas que je transformais en jus de fruits était vendue aussi bien sur le marché local que régional. On exportait vers le Niger, le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso », se rappelle-t-elle, en évoquant son parcours.
Petite unité artisanale de production de jus de fruits au départ, l’entreprise a tôt franchi un cap en modernisant ses installations.
Avec l’unité ultra-moderne, l’entreprise a pu exporter de janvier à septembre 2017, 30 à 35 containers de jus de fruits aseptiques vers l’Europe.
Une réussite pour cette mère de famille qui s’est autant dévouée pour l’éducation de ses enfants. Rigoureuse dans les affaires elle ne l’a moins été avec ces derniers dont deux sont aujourd’hui impliqués dans les activités de l’entreprise.
Fort de sa vision de rester concurrentielle, l’entreprise de Bertille Guèdègbé Marcos s’investit également dans la production de fruits d’ananas séchés dans des emballages en plastique exportables. Et bientôt dans la fabrication de whisky à base d’ananas.
Convaincue que son exemple pourrait susciter d’autres vocations et contribuer à booster l’économie, la promotrice des Jus Tillou partage son expérience avec les plus jeunes désireux de s’investir dans ce secteur d’activité et clame sa foi en l’agriculture. « Je ne suis pas tombée dans l’agriculture par hasard. Nous en faisons une activité professionnelle et nous encourageons également les jeunes à travailler dans ce secteur et à s’y épanouir », défend-elle pour rejeter tout opportunisme de sa part.
Kokouvi EKLOU