dimanche, novembre 24, 2024
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Royaume-Uni: le déboulonnage d’une statue de marchand d’esclaves fait des émules

Après le spectaculaire déboulonnage d’une statue de marchand d’esclaves à Bristol, d’autres têtes vont-elles tomber? Des militants antiracistes sont déterminés à supprimer de l’espace public les symboles du passé colonialiste du Royaume-Uni.

La vague d’indignation suscitée par la mort de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis, a relancé ce combat.

Dimanche, c’est la statue d’Edward Colston, marchand d’esclaves de la fin du 17e siècle qui a financé de nombreuses institutions de Bristol, dans le Sud-Ouest de l’Angleterre, qui est tombée de son piédestal, jetée à l’eau par des manifestants.

Mardi soir, au moment des funérailles de George Floyd, des militants prévoient de manifester à Oxford contre une statue de Cecil Rhodes, magnat minier et homme politique colonisateur, actif notamment en Afrique du Sud au 19e siècle.

Il y a quatre ans, des rassemblements similaires avaient déjà été organisés à l’appel du collectif « Rhodes must fall » (« Rhodes doit tomber »), sans succès: l’Oriel College avait décidé de conserver la statue en calcaire qui orne la façade d’un bâtiment de la faculté.

Une pétition demandant le retrait de la statue rassemblait mardi matin plus de 16.000 signatures. Une lettre ouverte au vice-chancelier de l’université, signée par plus de 6.000 personnes et associations, réclamait d’en faire plus pour éradiquer le racisme au sein de la prestigieuse université, soulignant que « les étudiants noirs y sont encore sous-représentés » et que de « larges parties des programmes universitaires sont centrés sur l’Europe ».

« Débat national » –

Dans un message vidéo, le Premier ministre Boris Johnson a dit « comprendre » les manifestants pacifiques, la mort de George Floyd ayant « réveillé une colère et un sentiment indéniable d’injustice ». Mais il a condamné ceux qui « enfreignent la loi, attaquent la police et vandalisent des monuments publics ».

Le débat sur le passé colonial du Royaume-Uni n’est pas nouveau et le pays fait l’objet de pressions de longue date pour restituer des oeuvres célèbres comme les frises du Parthénon d’Athènes, exposées au British Museum de Londres, à la Grèce.

Les universités s’interrogent aussi sur leurs histoires et leurs liens passés avec de puissants mécènes. L’an dernier, la très renommée université de Cambridge avait ainsi démarré une enquête pour établir si elle avait bénéficié financièrement de l’esclavagisme.

« Il est temps pour un franc débat national sur l’héritage du colonialisme en Grande-Bretagne », a tweeté la députée travailliste d’Oxford, Layla Moran.

Ce combat fait des émules ailleurs au Royaume-Uni comme au Pays de Galles, où des campagnes ont été lancées contre les monuments en hommage à un général de l’armée britannique ayant combattu lors des guerres napoléoniennes, Thomas Picton, tristement célèbre pour son traitement des esclaves dans les Caraïbes.

A Edimbourg, en Ecosse, la statue de l’homme politique Henry Dundas, qui a oeuvré pour retarder l’abolition de l’esclavage, pose question.

« Je ne ressentirais absolument pas (son retrait) comme créant un vide », a déclaré à la BBC le chef du conseil municipal d’Edimbourg, Adam McVey.

A Londres, près du Parlement, c’est la statue de l’ancien Premier ministre conservateur et héros de la seconde guerre mondiale Winston Churchill, dont divers propos sur les questions raciales avaient suscité la controverse, qui a été prise pour cible ce weekend.

L’inscription « était un raciste » a été apposée sous son nom sur le socle.

A quelques pas de là, au pied de la statue du héros de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, Nelson Mandela, des manifestants se rassembleront mardi soir en hommage à George Floyd.

Pour le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, « nos statues, les noms de nos routes et de nos espaces publics reflètent une époque révolue (…), ça ne peut plus continuer », a-t-il déclaré dans un communiqué, annonçant la création d’une commission pour y remédier.

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