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Côte d’Ivoire : Quel avenir pour Guillaume Soro ?

Premier candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre 2020, l’ancien chef rebelle et ex-Premier ministre mange a pleines dents son pain noir. Condamné par contumace le 28 avril par le tribunal correctionnel d’Abidjan à 20 ans de prison ferme pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux », Guillaume Soro peut oublier le fauteuil présidentiel. Pis, un nouveau mandat d’arrêt à été lancé contre lui.

En exil à Paris depuis fin décembre 2019 et confiné en raison du Covid-19, l’ancien allié devenu rival de l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara a de sérieux problèmes. Dans le camp de ses partisans, c’est même la désillusion. En effet, ils ont assisté impuissants au procès de leur champion le 28 avril au tribunal correctionnel d’Abidjan. Guillaume Soro (48 ans), l’enfant de Kofiplé (département de Ferkéssédougou), y était jugé in absentia et a été condamné à 20 ans de prison ferme et près de 7 millions d’amende au terme d’une audience boycottée par ses avocats. Il a été reconnu coupable de « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux ». Sauf appel fructueux, il ne participera pas à l’élection présidentielle d’octobre 2020. Que lui reproche-t-on exactement ? Le tribunal a estimé que Guillaume Soro a frauduleusement acquis une somptueuse résidence à Abidjan avec de l’argent provenant du Trésor public. Inutile de souligner que la fameuse résidence a été confisquée…

Ainsi privé de ses droits civiques pendant cinq ans et avec le nouveau mandat d’arrêt émis à son encontre, l’ancien président de l’assemblée nationale a immédiatement répliqué en indiquant qu’il demeurait candidat. « Je demande à tous mes partisans de demeurer mobilisés (…) notre victoire ne fait aucun doute. Nous gagnerons la prochaine élection présidentielle, c’est une certitude », a-t-il réagi. Conseiller en communication de Guillaume Soro, Touré Moussa a ajouté sur les ondes de RFI : « ce procès n’est rien d’autre que politique (…) monsieur Ouattara utilise la justice pour écarter tous ceux qui pourraient constituer un obstacle à la victoire de son poulain (l’actuel Premier ministre Amadou Gon Coulibaly). C’est une tentative d’assassinat politique ciblée, claire et évidente ».

Abdoulaye Ben Méité, avocat de l’État ivoirien, lui, se frotte les mains et affirme : « Cette décision est un coup de tonnerre dans le ciel de la corruption. Ce qu’il faut savoir, c’est que cette décision est l’amorce d’une nouvelle ère en Côte d’Ivoire. Il faut traquer les corrompus partout où ils se trouvent… ».

Ajoutons que Guillaume Soro et 19 de ses partisans restent toujours dans le collimateur de la justice ivoirienne pour un autre dossier : des accusations de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’État ». Déjà déclarée, la guerre entre Guillaume Soro et Alassane Ouattara prend donc une autre tournure.

C’est surtout le retour de la fièvre politique en Côte d’Ivoire à cinq mois de l’élection présidentielle. Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets. Attendons de voir…

Alain DOSSOU, paru dans le Diasporas-News n°114 d’Avril-Mai 2020

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