Une semaine à très haut risque s’ouvre pour le gouvernement à la veille d’une nouvelle manifestation nationale, sans aucun compromis en vue sur la réforme des retraites permettant de sortir du blocage des transports qui perdure lundi, à quelques jours des fêtes de Noël.
Comme prévu, la région parisienne vit une nouvelle journée noire.
Sur les routes d’abord, avec un pic de bouchons à 628 kilomètres en Ile-de-France vers 08H45, deux fois plus qu’une journée normale.
Dans les transports publics ensuite, où les très fréquentés RER A (1 sur 2) et B (1 sur 3) continuent de connaître de fortes perturbations.
Huit lignes de métro sont encore totalement fermées, six très perturbées et, comme depuis le début de la grève, seules les deux lignes automatisées – la 1 et la 14 – circulent normalement. Plusieurs dépôts de bus sont bloqués, affectant le service (40% au lieu de 50% prévus).
Le trafic SNCF est conforme aux prévisions, avec un tiers des TGV, un quart des Transilien et 4 TER sur 10 en moyenne.
La SNCF met en garde les usagers sur la journée de mardi, quand le trafic sera encore plus réduit en raison d’un appel intersyndical.
Comme depuis le 5 décembre, les usagers tentent de s’organiser.
François, parti de chez lui à 04H50, doit traverser une bonne partie de l’Ile-de-France pour se rendre au travail. « Jusqu’à présent, j’avais fait du télétravail ou pris ma voiture. Mais la voiture ce n’est plus possible, à la fois financièrement et au niveau de la fatigue », dit-il à l’AFP en attendant un train à la gare Saint-Lazare.
La région parisienne n’est pas la seule touchée, puisque en Provence-Alpes-Côte d’Azur seuls trois TER sur 10 circulaient.
Des blocages routiers ont en outre été mis en place tôt dans la matinée à Lille, Vannes, Toulouse, Lyon, Nancy, Miramas, à l’appel d’une intersyndicale de transporteurs CFDT, FO, CFTC et CGC pour réclamer de meilleures conditions de travail et de salaires.
Y aura-t-il des trains à Noël? Gouvernement et syndicats se renvoient la responsabilité d’une éventuelle paralysie du pays pendant les fêtes.
« Faire grève c’est légitime, mais on peut respecter des moments comme les fêtes de fin d’année où chacun veut retourner dans sa famille », a affirmé la ministre de la Transition Ecologique, Elisabeth Borne, sur le plateau de France 2, estimant qu’il était « irresponsable » de « gâcher les vacances des Français ».
« Si le gouvernement retire son projet et (qu’)on discute sérieusement sur comment améliorer le système (…), tout se passera bien. Sinon, les grévistes décideront de ce qu’ils ont à faire jeudi ou vendredi », avait déclaré dimanche le numéro 1 de la CGT Philippe Martinez, à cinq jours du début des vacances scolaires.
La SNCF prépare un « plan bis » en cas de prolongation de la grève.
L’entreprise ferroviaire doit informer individuellement mardi les usagers sur le maintien ou l’annulation de leur train pour le premier weekend des vacances. La directrice générale de Voyages SNCF Rachel Picard a promis d' »essayer d’accomplir des miracles » pour proposer d’autres horaires de départ en cas d’annulation. Mais la moitié des voyageurs resteraient néanmoins sur le carreau.
– Nouveau test mardi –
La journée de mardi pourrait être décisive, l’ensemble des syndicats appelant désormais à la grève et la manifestation, y compris les organisations réformistes, comme la CFDT, la CFTC, l’Unsa ou les étudiants de la Fage.
Ces organisations sont furieuses que le Premier ministre ait maintenu une mesure d’âge d’équilibre dans son projet de transformation des 42 régimes de retraite existants en un système universel par points.
La fixation d’un « âge d’équilibre », de 64 ans en 2027, signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d’un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d’un bonus. Il s’agit d’encourager l’allongement des cotisations pour faire des économies et maintenir l’équilibre financier du système.
Outre les cheminots, les enseignants, les fonctionnaires, les avocats et magistrats, les internes, médecins et soignants seront mobilisés parfois dans des cortèges séparés dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour l’hôpital.
La sortie de crise s’annonce difficile, alors que le négociateur en chef, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye reste fragilisé après la révélation de 13 mandats non déclarés.