vendredi, novembre 22, 2024
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RDC: Tshisekedi, les 100 jours d’un président qui ne gouverne pas totalement

Une détente politique évidente, des initiatives fortes mais pas de vraie décision régalienne, à commencer par le choix d’un Premier ministre: tel apparaît le bilan des 100 premiers jours du nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, entravé par un accord de coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila.

Le climat politique s’est apaisé depuis l’investiture le 24 janvier de M. Tshisekedi, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre. Factuellement, il s’agit de la première transmission pacifique du pouvoir dans l’histoire agitée de la RDC.

Cette première alternance sans effusion de sang a rassuré la communauté internationale, mais son résultat est contesté par l’autre opposant Martin Fayulu qui revendique la victoire avec 60% des voix. L’Eglise catholique lui donne raison, sur la foi des procès-verbaux de ses 40.000 observateurs déployés dans les bureaux de vote le jour du scrutin.

Impensable sous la présidence Kabila, les manifestations de l’opposition autour de M. Fayulu pour la « vérité des urnes » sont aujourd’hui autorisées et encadrées, et même diffusées à la télévision publique (RTNC).

M. Fayulu a néanmoins été convoqué par la justice pour ses déclarations dimanche appelant à la démission de M. Tshisekedi, qui s’est engagé encore vendredi à défendre la liberté de la presse.

Le patron de la redoutable Agence nationale de renseignements (ANR) Kalev Mutond a été remplacé au point de se plaindre auprès de l’AFP des pressions présumées de son successeur sur une chaîne de télévision pro-Kabila.

Des prisonniers du mouvement citoyen Filimbi ont été libérés. La justice congolaise a annulé la condamnation à trois ans de prison de l’opposant en exil Moïse Katumbi puis a abandonné des poursuites à l’encontre de ses gardes du corps dans une affaire de recrutement présumé de mercenaires.

Des poursuites judiciaires ont été lancées contre des policiers impliqués dans des répressions d’une manifestion d’étudiants. Soupçonnés de corruption, des mandataires d’entreprises publiques et le ministre des Affaires foncières ont été suspendus.

Depuis sa prise de fonction, le président Tshisekedi a multiplié les déplacements, d’abord à l’étranger et puis dans les provinces.

– ‘Déboulonner le système dictatorial’ –

Il a été reçu aux Etats-Unis, dont l’ambassadeur à Kinshasa ne lui ménage pas les signes de soutien.

« Je suis là pour déboulonner le système dictatorial qui était en place », a lancé M. Tshisekedi à Washington. Des propos publiquement dénoncés par la coalition pro-Kabila du Front commun pour le Congo (FCC), qui dispose d’une vaste majorité au Parlement.

A l’intérieur, M. Tshisekedi travaille son image de président-bâtisseur dans le plus vaste pays d’Afrique sub-saharienne qui manque d’infrastructures. Des travaux ont été lancés à Kinshasa et dans des provinces dans le cadre de ces cent premiers jours.

Lors d’un déplacement dans le Nord-Kivu, M. Tshisekedi a dénoncé et menacé les responsables politiques qui manipulent les groupes armés. Il n’a cependant pas mis en œuvre sa promesse de campagne : déménager l’Etat major dans l’Est congolais où des dizaines de milices menacent les civils.

Le président congolais n’a pas non plus exercé le pouvoir régalien par excellence d’un chef de l’Etat à qui la Constitution donne beaucoup de pouvoir: nommer le Premier ministre.

La raison est simple. Il ne peut pas décider seul. Le chef de l’Etat a d’ailleurs rencontré deux fois son prédécesseur depuis son investiture. Son Premier ministre doit être en toute logique issu des rangs de la coalition pro-Kabila, ultra-majoritaire au Parlement, dans les assemblées provinciales et dans les gouvernorats des 26 provinces.

Pour les 100 premiers jours, « les points négatifs sont l’absence de gouvernement, peu de résultats en ce qui concerne la lutte contre la corruption », résume Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj).

« Nous restons inquiets sur la question de la lutte contre la corruption (…) compte tenu de l’emprise des anciens gestionnaires de la République sur les institutions nationales et provinciales », a réagi auprès de l’AFP Jonas Tshiombela, porte-parole du CLC, le collectif catholique qui avait appelé aux marches anti-Kabila de 2017 et 2018.

Signe des marges de manœuvre limitées du nouveau préside, la dépouille de son père, l’opposant historique Etienne Tshisekedi mort à Bruxelles le 1er février 2017, repose toujours en Belgique. Son fils avait pourtant promis une inhumation dès que possible au pays des ancêtres s’il était élu.

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