samedi, novembre 23, 2024
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A dix jours du Brexit, le gouvernement cherche encore à sortir de l’impasse

Le gouvernement britannique tenait mardi une réunion de crise pour tenter de résoudre l’inextricable casse-tête du Brexit et éviter un divorce sans accord le 12 avril, un scénario redouté qui devient « chaque jour plus probable », a prévenu le négociateur de l’Union européenne Michel Barnier.

Un peu moins de trois ans après le référendum du 23 juin 2016, les Britanniques sont toujours dans l’inconnu quant à la forme que prendra la sortie de l’UE.

Lundi encore, les députés britanniques ont fait le constat de leurs divisions, mais aussi de leur impuissance à répondre à ce défi historique, en rejetant quatre options alternatives à l’accord négocié avec Bruxelles par la Première ministre Theresa May.

Ces votes étaient destinés à dégager un projet de Brexit susceptible de recueillir, enfin, une majorité à la Chambre des communes, après le rejet vendredi, pour la troisième fois, du Traité de retrait de l’UE de la dirigeante conservatrice.

En l’absence d’accord, ou de report du Brexit, le scénario par défaut reste une sortie sèche le 12 avril, dont la simple perspective provoque des sueurs froides dans les milieux économiques.

« Un Brexit sans accord n’a jamais été mon souhait mais il devient chaque jour plus probable », a déclaré mardi le négociateur de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, au cours d’une conférence organisée par le centre de réflexion EPC à Bruxelles.

« L’UE des 27 (tous les Etats membres de l’Union sans le Royaume-Uni, ndlr) est maintenant prête » à cette éventualité, a-t-il assuré.

Elections anticipées ? –

Signe de l’urgence de la situation, Theresa May a convoqué un conseil des ministres exceptionnellement long mardi pour discuter de la voie à suivre.

Au menu : les conséquences des votes de lundi et le fait que l’absence de majorité sur tout scénario alternatif soit susceptible d’aider la Première ministre à présenter son accord de divorce une quatrième fois.

« C’est la deuxième fois que la Chambre des communes examine un large éventail d’options pour trouver un moyen d’avancer (après une série de votes la semaine dernière, ndlr) et, une fois de plus, elle ne parvient pas à trouver une majorité claire en faveur de l’une de ces options », a souligné un porte-parole de l’exécutif.

« Le gouvernement continue de croire qu’il est dans l’intérêt du pays de quitter (l’UE) avec un accord », a-t-il insisté.

Downing Street n’avait pas exclu lundi de soumettre à nouveau au vote le traité de Mme May, censé offrir un Brexit en douceur au Royaume-Uni, s’il a « une chance raisonnable de succès ».

Reste que la dirigeante, en pleine crise d’autorité, va devoir convaincre un gouvernement tout aussi divisé que le Parlement, entre ceux de ses membres favorables à l’UE et ceux partisans d’une sortie sans concession ulcérés que le divorce n’ait pas eu lieu à la date initialement prévue, le 29 mars.

Pour faire pencher la balance et convaincre ces derniers, elle pourrait utiliser « l’option nucléaire » (dixit le Times) : la menace d’élections législatives anticipées, alors que, selon un sondage publié dimanche par The Mail on Sunday, le Labour, le principal parti d’opposition, arriverait en tête, avec une avance de cinq points sur les tories.

« Coût politique » –

Quelle que soit l’option retenue, Theresa May doit divulguer ses plans au prochain sommet européen exceptionnel convoqué pour le 10 avril.

Michel Barnier a souligné que si les Britanniques ne votaient « pas en faveur de l’accord de retrait dans les prochains jours, il ne restera(it) plus que deux options : partir sans accord ou demander une prorogation plus longue de la période de l’Article 50 », qui avait permis d’enclencher la procédure de divorce.

« Une telle extension comporterait des risques importants pour l’UE, d’où la nécessité d’une justification solide », a-t-il ajouté.

« Il y aurait également un coût politique. Si le Royaume-Uni est toujours membre le 23 mai (date du début des élections européennes, ndlr), il devra organiser des élections », a insisté l’ancien ministre français.

Les dirigeants des trois pays du Benelux ont pris position mardi contre un Brexit dur. « Une clarification de la part de Londres est plus importante aujourd’hui que jamais », a souligné le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel au cours d’une conférence de presse de clôture du Sommet Benelux à Luxembourg.

Face au risque de « no deal », des parlementaires de plusieurs partis ont dévoilé mardi une proposition de loi destinée à contraindre Theresa May à soumettre une demande de report du Brexit au-delà du 12 avril si aucune solution n’est trouvée pour sortir de l’impasse.

« Il s’agit d’une ultime tentative pour éviter que notre pays ne soit exposé aux risques inhérents à une sortie sans accord », a déclaré dans un communiqué un des cosignataires de la proposition, le député conservateur Oliver Letwin.

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