samedi, novembre 23, 2024
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Elections en RDC: une décision de l’UA sans précédent qui braque Kinshasa

Une décision sans précédent de l’Union africaine (UA) mettant en cause le résultat de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) a braqué vendredi le gouvernement congolais et le vainqueur proclamé et contesté, l’opposant Félix Tshisekedi.

Souvent qualifié de « syndicat des chefs d’État » défendant les pouvoirs en place, l’UA a demandé à la Cour constitutionnelle la « suspension » de la proclamation des résultats électoraux définitifs parce que ceux annoncés par la Commission électorale (Céni) sont entachés de « doutes sérieux ».

« Cet appel lancé par l’UA est une première dans l’histoire de l’institution et souligne le niveau d’incrédulité des partenaires de la RDC vis-à-vis des résultats annoncés par la commission électorale la semaine dernière », a commenté sur Twitter l’analyste Adeline Van Houtte.

Selon ces résultats provisoires proclamés le 10 janvier, l’opposant Félix Tshisekedi a remporté l’élection présidentielle, tandis que le chef de l’État sortant Joseph Kabila garderait une confortable majorité à l’Assemblée nationale (au moins 350 députés sur 500).

L’autre opposant Martin Fayulu dénonce un « putsch électoral » et revendique la victoire avec 61% des voix.

L’UA veut aussi envoyer lundi à Kinshasa une délégation de haut-niveau conduite par le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki, et le président en exercice de l’UA, le chef de l’État rwandais Paul Kagame, régulièrement accusé d’ingérence en RDC.

« Je doute de la crédibilité de M. Kagame quant à ses qualités de démocrate », a accusé l’avocat Peter Kazadi, directeur de cabinet adjoint de Félix Tshisekedi, dans une interview avec l’AFP.

« Nous trouvons ça scandaleux, ça n’a aucun fondement juridique », a-t-il ajouté au sujet de la décision de l’UA. « C’est une grande surprise. C’est une première à ma connaissance. C’est inacceptable ».

« Je ne pense pas qu’il appartienne au gouvernement ou même à l’Union africaine de dire à la Cour ce qu’elle doit faire », a déclaré de son côté à l’AFP le porte-parole du gouvernement Lambert Mende.

« Je ne sais pas s’il y a des pays où on peut interférer comme ça dans une procédure légale », a ajouté M. Mende, également ministre de la Communication et des Médias.

Pour sa part, le candidat malheureux de l’élection présidentielle, l’autre opposant Martin Fayulu, a salué la prise de position de l’UA prise à l’issue d’une réunion de chefs d’État jeudi.

« Nous remercions les chefs d’Etat et de gouvernement ayant participé à la réunion de Haut Niveau sur la situation en #RDC pour leur implication et leur soutien à la manifestation de la #VéritéDesUrnes », a réagi la coalition Lamuka.

« Le seul moyen de dissiper ces doutes, c’est le recomptage des voix pour respecter la souveraineté du peuple congolais », a déclaré M. Fayulu également sur Twitter.

Les propres estimations de l’influente Église catholique et celles du Groupe des experts sur le Congo (GEC) associé à quelques médias internationaux, à partir de documents qui auraient fuité de la Céni, le donnent tous vainqueur avec environ 60% des voix.

L’initiative de l’UA risque de modifier encore une fois le calendrier électoral congolais, après la proclamation de la victoire de M. Tshisekedi et les contestations de M. Fayulu.

La prestation de serment du nouveau président de la République est prévue mardi d’après le dernier calendrier de la Commission électorale.

D’ici là, la Cour constitutionnelle doit statuer sur le recours de M. Fayulu et d’un candidat mineur, et proclamer les résultats définitifs – une annonce qui était attendue pour vendredi ou samedi. La Cour a mis sa décision en délibéré mardi soir.

Avec ce communiqué explosif, l’UA s’est montrée plus audacieuse que les Nations unies et l’Union européenne qui avaient « pris note » des résultats provisoires en appelant les Congolais à éviter toute contestation violente.

La RDC tient depuis des mois un discours souverainiste et a répété qu’elle voulait organiser ses élections sans aide étrangère ni ingérence extérieure.

La RDC et le Rwanda entretiennent des relations complexes depuis 25 ans. Des accrochages sporadiques ont eu lieu en 2018 à la frontière entre les deux pays.

Le Rwanda, régulièrement accusé de voler le coltan congolais dans le Nord Kivu, a soutenu en 1997 le renversement du maréchal Mobutu par Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président, avant un retournement d’alliance.

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