mardi, novembre 26, 2024
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Burkina: le général Diendéré nie être le cerveau du putsch de 2015

Sa comparution était attendue depuis le début du procès il y a neuf mois: le général Gilbert Diendéré a catégoriquement nié lundi avoir été le cerveau de la tentative de coup d’Etat de 2015 au Burkina Faso.

Le 16 septembre 2015, des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.

« Je n’ai ni commandité, ni planifié, ni organisé, ni exécuté ce que d’aucuns appellent le coup d’Etat du 16 septembre 2015 », a déclaré le général Diendéré à la barre, en treillis militaire et béret rouge, devant une salle d’audience pleine.

« J’ai juste assumé une situation donnée, sur les conseils des médiateurs et après accord de la hiérarchie militaire », a ajouté l’ancien chef du RSP, unité d’élite de l’armée et ex-garde prétorienne de Blaise Compaoré, qui a perpétré le coup d’Etat.

Lors du putsch, le général Diendéré avait pris la tête du Conseil national pour la démocratie, organe dirigeant des putschistes, avant de rendre le pouvoir face à la pression populaire et à l’armée loyaliste.

Il s’était rendu le 1er octobre 2015 aux autorités, sortant de lui-même de la résidence du nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) à Ouagadougou où il s’était réfugié.

– « Assumer » le putsch –

Il est accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, trahison et meurtre, lors de ces événements qui ont fait 14 morts et 270 blessés.

Au total 84 accusés sont jugés par un tribunal militaire à Ouagadougou, dont un autre général, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères sous l’ex-président Blaise Compaoré, également présent au procès.

Comme depuis le début du procès, un important dispositif sécuritaire était déployé autour du tribunal militaire délocalisé à Ouaga 2000, un quartier huppé de la capitale burkinabè.

A la barre, le général Diendéré, âgé de 60 ans, qui fut le chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, a raconté sa version du putsch.

« Des personnels du RSP ont fait irruption dans la salle du conseil des ministres, interpellant des responsables dont le président de la transition, le Premier ministre et deux autres membres du gouvernement qui ont ensuite été internés dans la résidence du palais (présidentiel) de Kossyam », a détaillé Gilbert Diendéré.

Une tentative de médiation menée par un ancien président et un cardinal ayant échoué devant « l’intransigeance des soldats », et l’armée refusant « d’assumer » le pustch, « je me suis trouvé obligé de prendre les devants bien que n’ayant pas été au début » du mouvement, s’est justifié Gilbert Diendéré.

« Nulle part dans le dossier d’instruction il n’est ressorti clairement qu’il est l’auteur des événements du 16 septembre », a affirmé devant des journalistes Me Mathieu Somé, un des avocats du général, lors d’une suspension d’audience.

– Le général incriminé –

En revanche pour le porte-parole de l’association des blessés de l’insurrection populaire, Tamboura Adams, la responsabilité du général Diendéré ne fait aucun doute: « Nous ne croyons pas à ce qu’il dit car le peuple burkinabé sait qu’il était l’alpha et l’oméga du RSP ».

« Quand le général dit : j’ai assumé », qu’est-ce que cela veut dire? s’est interrogé face à la presse Me Ambroise Farama, avocat de la partie civile, pour qui le putsch était « un acte prémédité ».

« Avec la confrontation entre le général et ses éléments, la vérité jaillira parce que certains de ses officiers ont clairement dit que c’est lui qui avait commandité le coup d’État », a ajouté Me Farama.

Au cours des audiences précédentes, plusieurs militaires, également jugés, ont effectivement incriminé le général Diendéré.

« Même si l’armée n’a pas assumé le coup d’État, elle a accompagné le mouvement du général Diendéré », avait déclaré à la barre le 12 novembre le colonel Boureima Kéré, chef d’état-major particulier auprès de la présidence au moment du putsch.

Lors d’une réunion avec la hiérarchie militaire au ministère de la Défense, le général Diendéré avait menacé ceux qui s’opposeraient au putsch d’être « considérés comme des ennemis et traités comme tel », selon le colonel Kéré.

Le 9 juillet, l’adjudant-chef major Éloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch manqué, avait déclaré devant le tribunal avoir agi sur instruction « indirecte » du général Diendéré, précisant que ce dernier avait « instruit de procéder à l’arrestation des autorités de la transition ».

Le 4 juillet, l’adjudant Jean-Florent Nion, membre du commando qui a arrêté les autorités du régime de transition, avait également incriminé le général Diendéré comme le donneur d’ordres du coup d’Etat.

L’audience a été suspendue vers 16H30 et doit reprendre mardi.

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