Facebook a annoncé lundi avoir bloqué environ 30 comptes de son réseau, ainsi que 85 comptes sur le réseau de partage de photos Instagram qu’il détient, qui pourraient être liés à des entités étrangères et servir à des ingérences dans les élections américaines.
Cette annonce survient peu de temps après que les autorités et les agences de renseignement américaines ont annoncé ne pas avoir repéré de tentatives de perturbation du processus électoral mais que les Américains devraient se méfier de tentatives russes de diffusion de fausses informations.
« Dans le cadre de nos efforts pour empêcher les ingérences sur Facebook pendant les élections, nous sommes en contact régulier avec les autorités chargées de l’application de la loi, avec des experts extérieurs et avec d’autres compagnies à travers le monde », a indiqué Facebook dans un communiqué.
« Dimanche matin, les autorités chargées de l’application de la loi nous ont contactés au sujet d’activités qu’elles ont récemment découvertes et qui pourraient selon elles être liées à des entités étrangères », déclare le communiqué.
« Nos investigations préliminaires ont identifié jusqu’à présent environ 30 comptes Facebook et 85 comptes Instagram qui pourraient être engagés dans des activités irrégulières coordonnées », poursuit le communiqué.
« Nous avons immédiatement bloqué ces comptes et sommes en train d’enquêter sur eux de manière plus détaillée », ajoute Facebook.
Toutes les pages Facebook associées à ces comptes étaient en français ou en russe, selon l’entreprise. Les comptes Instagram étaient quant à eux principalement en anglais, certains « focalisés sur des célébrités, d’autres sur le débat politique ».
Cette annonce intervient à la veille des élections législatives américaines de mi-mandat, dont le résultat sera crucial pour la suite du mandat du président Donald Trump.
– « Semer la discorde » –
Samedi, Twitter avait déjà confirmé avoir supprimé des comptes automatiques qui écrivaient des messages pour décourager les électeurs d’aller voter mardi. La presse américaine a indiqué que ceux-ci étaient au nombre de 10.000.
Le mois dernier, Facebook avait également annoncé avoir supprimé des comptes et des groupes liés à une tentative iranienne présumée d’influencer la politique américaine et britannique en remuant des sujets sensibles comme l’immigration ou des sujets raciaux.
Quelque 82 pages, groupes et comptes Facebook et Instagram, accusés de « semer la discorde », avaient été fermés par le réseau social.
Parmi les publications ciblées par l’opération, on recensait notamment des commentaires enflammés autour du président américain Donald Trump, de la Première ministre britannique Theresa May et de la nomination controversée du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême des États-Unis.
De manière plus générale, plusieurs chercheurs de l’Oxford Institute ont estimé dans une étude publiée la semaine dernière que les « junk news » (informations de mauvaise qualité) se répandaient à un rythme bien plus rapide avant les élections américaines de mardi que lors de la campagne présidentielle de 2016.
Après avoir analysé 2,5 millions de tweets et de 6.986 pages Facebook sur une période de trente jours, ils ont déterminé que moins de 5% des sources référencées sur les réseaux sociaux émanaient d’institutions officielles, d’experts ou des candidats eux-mêmes.
Selon l’étude, ces informations poubelles, « qui se concentraient auparavant dans la base de soutien au président (Donald) Trump, se diffusent désormais au sein de communautés conservatrices traditionnelles ».
Dans ce contexte, le directeur de l’Oxford Institute et auteur de l’étude Philip Howard a jugé que les efforts de Twitter et Facebook pour éradiquer la désinformation de leurs plateformes n’étaient que du « fignolage » et que « de toute évidence, de petits fignolages ne produisent pas un grand impact ».
En réaction, les deux géants d’Internet ont critiqué les conclusions et les méthodes utilisées par les chercheurs.