La chancelière allemande Angela Merkel a entamé mercredi au Sénégal une tournée africaine qui la mènera également au Ghana et au Nigeria, au moment où Berlin mise sur le développement du continent pour endiguer les flux migratoires et renforcer la lutte contre la menace jihadiste.
Mme Merkel, accompagnée d’une dizaine de capitaines d’industrie allemands, a été accueillie sur le tarmac de l’aéroport Blaise Diagne, à une cinquantaine de kilomètres de Dakar, par le président sénégalais Macky Sall.
Les deux dirigeants ont passé en revue une garde d’honneur composée d’une unité de la marine en uniforme blanc et liseré rouge. Après les hymnes nationaux, la fanfare militaire a joué deux airs très populaires en Allemagne, dont l’un, « Schöne Maid, hast Du heut’ für mich Zeit », peut se traduire par « Jeune fille, as-tu du temps pour moi aujourd’hui? »
Mme Merkel a ensuite retrouvé Macky Sall au palais présidentiel de Dakar, avec qui elle s’est entretenue avant un dîner.
Au cours d’une conférence de presse conjointe, Macky Sall a annoncé l’électrification par le solaire de 300 villages sénégalais, grâce à un financement de l’Allemagne dont le montant n’a pas été précisé.
Interrogé par la presse, le dirigeant sénégalais a déploré le « lot de morts » de migrants africains à « travers le Sahara et la Méditerranée » et appelé à « trouver des solutions et des opportunités » pour la jeunesse africaine en Afrique même.
« La vocation de la jeunesse africaine n’est pas d’échouer dans la Méditerranée ou sur les rives de l’Europe ou de vivre dans la clandestinité », a t-il dit, dénonçant les « réseaux de trafiquants et criminels ».
« Nous ne devons pas être les complices des trafiquants d’êtres humains et nous ne devons pas juste regarder » sans rien faire, a de son côté déclaré Mme Merkel.
« Nous devons combattre l’émigration illégale d’une part et créer des opportunités légales d’autre part », a t-elle estimé.
Le Sénégal, le Ghana et le Nigeria « sont confrontés à de grands défis en termes de développement économiques et sociaux », avait indiqué à Berlin avant son départ un responsable gouvernemental, ajoutant que ces trois pays devaient faire en sorte que le renforcement de leurs économies profitent à tous les citoyens, « ce qui n’est pas encore le cas partout ».
La chancelière a renforcé ses dernières années le volet africain de sa diplomatie, comptant sur les pays du continent pour ralentir le flux de migrants vers l’Europe, un sujet extrêmement sensible en Allemagne.
Il est important que « les gens arrêtent d’entreprendre le voyage illégal et extrêmement dangereux vers l’Europe », a estimé le responsable allemand, en prônant à l’inverse une attention accrue à l’immigration légale, notamment celles des jeunes Africains désireux d’étudier en Europe avant de rentrer au pays pour mettre en oeuvre leurs acquis.
Pays d’exportation comme la Chine et le Royaume-Uni, qui se prépare au Brexit, l’Allemagne veut également tirer profit du dynamisme croissant de l’Afrique, dont les pays disposent souvent d’importantes ressources en matières premières et d’une population jeune.
Le Sénégal connait une croissance économique de 6 ou 7% depuis plusieurs années, tandis que le Ghana, dont l’économie est également en expansion, est considéré comme un havre de stabilité dans la région.
Bien que confronté aux actions terroristes du groupe jihadiste Boko Haram et à la volatilité des prix du pétrole, le Nigeria reste le second partenaire économique de l’Allemagne en Afrique sub-saharienne.