Le jeune réalisateur somalien de 40 ans, Khadar Ahmed, est aux anges. Son premier film « La Femme du fossoyeur a raflé l’Étalon d’or du Yennenga. C’était à la faveur de la 27è édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou qui a eu lieu au Burkina Faso du 16 au 23 octobre 2021. Un rendez-vous réussi malgré les tempêtes sécuritaires et la pandémie.
Ouagadougou, capitale du 7è art africain, s’est totalement désemplie de ses 600 invités depuis la belle cérémonie de clôture de la 27è édition du Fespaco, au Palais des sports. Acteurs, réalisateurs, expert du cinéma, festivaliers, curieux … étaient bien visibles dans les différents quartiers de la capitale burkinabé (Patte d’Oie, Ouaga 2000, Koulouba, Kamsonghin, Goughin, Bilbalogo) pour célébrer la fête du cinéma africain. « Ce Fespaco fait du bien au Burkina en ce moment en proie aux menaces des terroristes », s’est réjoui Moussa Tassembedo, chauffeur de taxi.
Au final, c’est le réalisateur somalien, Khadar Ahmed qui s’est offert le Graal avec « La Femme du fossoyeur » pour son tout premier film. Il succède au Rwandais Joël Karakezi, lauréat en 2019.
Tourné en 2021, ce film raconte l’histoire d’un couple amoureux, Guled et Nasra, qui vit avec son fils Mahad, dans les quartiers pauvres de Djibouti. Mais l’équilibre de cette famille est menacé parce que la mère est malade et son mari, fossoyeur, n’arrive pas à gagner assez d’argent pour couvrir les frais de santé. Ce film relate les batailles d’un homme pour sauver sa compagne, pour garder sa famille unie. Comme l’indique le président du jury, catégorie longs métrages, Abderrahmane Sissako, « ce film raconte la pauvreté mais raconte surtout une histoire d’amour. C’est ça qui est beau, c’est ça qui est fort ». Et d’ajouter : « La souffrance des gens démunis est racontée. Ce sont les fossoyeurs qui attendent que quelqu’un meurt pour gagner un peu. C’est dramatique. Mais ce sont des gens dignes qui ont une force et une honnêteté. Et La Femme du fossoyeur, c’est une l’histoire d’une femme malade qui va mourir et son mari qui se bat, qui se bat pour elle, pour l’amour et le film a touché le jury. Tout cela est raconté avec une grande simplicité, mais avec une grande beauté. Ce film est joué par des gens qui n’ont jamais été des acteurs. Cela a été quelque chose d’important et d’extraordinaire ».
L’Étalon d’Argent, lui, est revenu à la Haïtienne Gessica Geneus pour son film « Freda ». Enfin, la Tunisienne Leïla Bouzid a remporté l’Etalon de Bronze pour « Une histoire d’amour et de désir ». « La nuit des rois » de l’Ivoirien Philippe Lacote est reparti avec le meilleur décor.
D’abord annulée, ensuite repoussée, ce Fespaco a bravé le terrorisme et le Coronavirus. Durant huit jours, le plus grand festival du cinéma africain et de sa diaspora a célébré le septième art avec une sélection de 239 films en provenance de 50 pays et l’espoir d’un renouveau. C’était l’idée du nouveau directeur général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo. Et cela a été une réussite.
De manière globale, ce Fespaco a été un franc succès. Le président burkinabé, présent à la cérémonie de clôture, en compagnie de son homologue sénégalais Macky Sall, a promis de soutenir davantage le cinéma local.
Guy-Florentin Yameogo, envoyé spécial à Ouagadougou, paru dans le Diasporas-News n°130 Novembre 2021
Palmarès FESPACO
Palmarès de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, plus grand festival de cinéma africain, qui s’est achevée samedi:
– Etalon d’or de Yennenga: « La femme du fossoyeur » de Ahmed Khadar (Somalie)
– Etalon d’argent: « Freda » de Gessica Geneus (Haïti)
– Etalon de bronze: « Une histoire d’amour et de désir » de Leyla Bouzid (Tunisie)
– Prix d’interprétation masculine: Alassane Sy pour « Baamum Nafi » (Sénégal)
– Prix d’interprétation féminine: Zainab Jah pour « Farewell Amor » de Ekwa Msangi (Tanzanie)
– Meilleur décor: « La Nuit des Rois » (Night Of The Kings) de Philippe Lacote (Côte d’Ivoire)
– Meilleur montage: « Souad » de Amin Ayten (Égypte)
– Prix du scénario: « Nameless » Mutiganda Wa Nkunda (Rwanda)
– Prix de l’image: « This is not a burial, it is a resurrection » de Jeremiah Lemohang Mosese (Lesotho)
– Prix du son: « Freda » de Gessica Geneus (Haïti)
– Meilleure musique: « La femme du fossoyeur » de Ahmed Khadar (Somalie)
– Etalon d’or documentaire long métrage: « Garderie Nocturne » de Moumouni Sanou (Burkina Faso)
– Étalon d’argent documentaire long métrage: « Marcher sur l’eau » de Aissa Maiga (Sénégal-Mali)
– Étalon de bronze documentaire long métrage: « Makongo » de Elvis Sabin Ngaibino (République centrafricaine)
– Poulain d’or fiction court métrage: « Serbi » (Les Tissus blancs) de Moly Kane (Sénégal)
– Poulain d’argent fiction court métrage: « Amani » de Alliah Fafin (Rwanda)
– Poulain de bronze fiction court métrage: « Zalissa » de Carine Bado (Burkina Faso)
– Poulain d’or documentaire court métrage: « Ethereality » de Kantarama Gahigiri (Rwanda)
– Poulain d’argent court métrage: « Je me suis mordue la langue » de Nina Khada (Algérie)
– Poulain de bronze court métrage: « Nuit debout » de Nelson Makengo (RDCongo)
MENTIONS SPECIALES
– Mention spéciale à « Tabaski » de Laurence Attali (Sénégal)
– Mention spéciale du jury: « La traversée » de Irène Tassembedo (Burkina Faso)
SECTION PERSPECTIVES
– Prix Paul Robson: « Traverser » de Joël Akafou (Côte d’Ivoire)
– Prix Oumarou Ganda: « Tug of War » Amil Shivji (Tanzanie)
SECTION BURKINA FASO
– Meilleur film burkinabè: « Sur les traces d’un migrant » de Delphine Yerbanga
– Meilleur espoir burkinabè: « Après ta révolte, ton vote » de Kiswendsida Parfait Kaboré