Des voix s’élèvent de plus en plus au Mali pour accueillir des paramilitaires russes au détriment du vieil ami français. Conséquence, la dissolution des relations entre les deux pays s’accélère.
Le Mali est décidé à se passer de la France. Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a d’ailleurs accusé le pays d’Emmanuel Macron le samedi 25 septembre à l’ONU d’un « abandon en plein vol », avec sa décision de retrait du Mali de la force Barkhane. Il a donc critiqué « la fermeture de certaines sections de Barkhane dans le Nord du Mali ». Pis, Choguel Maïga insiste en affirmant que « le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation qui doit être la règle entre partenaires privilégiés, n’ait pas été observé en amont de la décision ».
Comme il fallait s’y attendre, Paris s’est offusqué devant de tels propos. Florence Parly, ministre français des armées, a clairement indiqué : « la transformation de notre dispositif militaire au Sahel ne constitue ni un départ du Mali, ni une décision unilatérale, et il est faux d’affirmer le contraire (…) C’est beaucoup d’hypocrisie, c’est beaucoup de mauvaise foi, beaucoup d’indécence, surtout parce que ces propos ont été tenus le samedi 25 septembre. Or, le vendredi 24 septembre, un 52è militaire français a donné sa vie pour combattre le terrorisme au Sahel ».
À la vérité, le discours du Premier ministre malien est celui que l’opinion publique malienne (habitée par un sentiment antifrançais) veut entendre. En effet, la déclaration de Choguel Maïga a remporté un franc succès au Mali, au moment où il annonçait un report de quelques semaines ou de quelques mois des élections législatives et présidentielles prévues le 27 février 2022.
Mais les raisons cachées du désamour entre le Mali et la Francesont triples. Primo, Bamako veut ouvrir des négociations avec les groupes djihadistes, ce que refuse la France. Secundo, le gouvernement malien veut accueillir des mercenaires russes de la société privée Wagner. Évidemment, la France et les alliés européens de l’opération Barkhane qui voient cela d’un mauvais œil s’y opposent encore. Et déjà, la France à travers sa ministre des armées menace le Mali d’ « isolement » et de « perte du soutien de la communauté internationale » s’il recrute Wagner. Il faut dire que la venue des Russes dans son pré-carré n’est pas négociable… Reste à savoir si la junte malienne en ce moment aux affaires à Bamako l’entendra de cette oreille.
Alain Dossou, paru dans le Diasporas-News 129 – Octobre 2021