Les aides apportées à Air France-KLM par les Etats français et néerlandais permettront au groupe « de tenir moins de 12 mois », a estimé son directeur général Benjamin Smith dans un entretien au journal l’Opinion publié lundi, évoquant une « éventuelle recapitalisation ».
« Si nous nous basons sur les dernières semaines, il est clair que le rebond du trafic sera plus lent que prévu. Lorsque nous avons négocié l’aide de l’Etat au printemps, nous avions annoncé que nous ne retrouverions pas le niveau de 2019 avant 2024. C’est pourquoi nous allons devoir continuer à nous adapter », a expliqué M. Smith.
« KLM a obtenu au printemps une aide de 3,4 milliards d’euros de l’Etat néerlandais (dont 2,4 milliards de garantie). Pour Air France, c’est 7 milliards, dont 4 milliards de prêt garanti. Ces soutiens nous permettent de tenir moins de 12 mois », a-t-il poursuivi.
« Nous sommes en train de discuter avec nos actionnaires de la manière de renforcer notre bilan au-delà de cette période. Un, trois ou cinq milliards d’euros? Il est trop tôt pour chiffrer le montant d’une éventuelle recapitalisation », a-t-il ajouté, précisant que cette question serait « décidée avant la prochaine assemblée générale » qui se tient habituellement au cours du deuxième trimestre.
Au 30 juin, le groupe disposait de 14,2 milliards de liquidités ou de lignes de crédits. Son capital est détenu par les Etats français et néerlandais (14,3 et 14%), les compagnies américaine Delta et chinoise China Eastern à hauteur de 8,8% chacune, les sociétés d’investissement américaines Causeway capital managment (6,9%) et Donald Smith&Co (5,2%) et les salariés (3,7%), le reste étant en flottant (38%) et en auto-contrôle 0,3%).
La direction d’Air France-KLM a engagé un plan de « reconstruction » du groupe après la crise du Covid-19 qui passera par la suppression de 7.580 postes chez Air France d’ici à la fin 2022 et jusqu’à 5.000 chez KLM.
Concernant le principe d’une éco-contribution sur le transport aérien réclamée par la Convention citoyenne, M. Smith juge qu’elle « serait irresponsable et catastrophique » pour son groupe.
Cette proposition, dont le coût est évalué à 4,2 milliards d’euros pour le secteur, est vivement critiquée, aussi bien par l’ensemble de ses acteurs que par le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. Elle doit faire l’objet d’un débat dans le cadre d’un projet de loi discuté en début d’année prochaine.