Abdallah Hamdok, investi Premier ministre soudanais mercredi, est un économiste chevronné qui devra s’atteler à redresser un pays à l’économie exsangue.
Né en 1958, M. Hamdok a fait carrière dans des organisations internationales et régionales, notamment comme secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU à Addis Abeba.
Après avoir étudié l’économie agricole à Khartoum, il a obtenu un master à Manchester, en Grande-Bretagne.
Ce moustachu aux cheveux grisonnants est originaire du Kordofan-Sud, un Etat du sud du pays en proie, comme ceux du Nil Bleu et du Darfour, depuis plusieurs années à un conflit entre rebelles et forces gouvernementales.
Arrivé en provenance d’Addis Abeba, il a été accueilli mercredi à Khartoum par deux membres civils du nouveau Conseil souverain, chargé de superviser le travail du gouvernement durant la transition.
« Les priorités du gouvernement seront d’arrêter la guerre, de construire une paix durable, de faire face à la sévère crise économique et de mettre en place une politique étrangère équilibrée », a-t-il déclaré.
Souriant, il a assuré après sa prestation de serment: « avec la bonne vision et les bonnes politiques, nous pourrons affronter cette crise économique ».
Il a promis d’établir un programme d’urgence pour faire face aux pénuries des produits de base dont a récemment souffert le Soudan et ses 40 millions d’habitants.
Les manifestations ayant notamment provoqué la destitution en avril par l’armée du président Omar el-Béchir après 30 ans à la tête du pouvoir, avaient été déclenchées en décembre dernier par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.
– Bonne gouvernance –
Sur le long terme, M. Hamdok a souligné la nécessité d’améliorer la productivité et de reconstruire un secteur bancaire qui, selon lui, s’est presque effondré.
Ses compétences d’économiste semblent prouvées, d’après son autobiographie officielle distribuée aux médias.
M. Hamdok est « très crédible au sein de la finance en Afrique et des institutions de développement, le Fonds monétaire international et le Club de Paris » des pays créanciers, selon le texte.
Il a travaillé pour la Banque africaine de développement et est réputé avoir élaboré des politiques ayant stimulé la rapide croissance économique de l’Ethiopie sous le gouvernement de Meles Zenawi.
Au sein de la population, on semble satisfait de sa désignation alors même qu’il n’a pas participé au mouvement de contestation. Il vivait à l’étranger.
« Il a les compétences dont nous avons le plus besoin actuellement », estime Soumaila Ibrahim, 21 ans, étudiante à l’Université de Khartoum.
M. Hamdok jouit également d’une image de champion de la transparence et de la bonne gouvernance forgée au cours de sa carrière.
En 2018, le président Béchir l’avait désigné ministre des Finances, mais M. Hamdok avait refusé le poste.
Il a notamment siégé au conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim, fondée par le milliardaire soudano-britannique du même nom pour promouvoir la bonne gouvernance en Afrique.
En tant que chef du gouvernement, qui devrait être formé le 28 août, M. Hamdok devra s’appuyer sur son expérience dans des initiatives de paix africaines pour mettre fin aux conflits au Darfour, dans le Kordofan et au Nil Bleu.