L’armée sud-africaine s’est déployée jeudi dans plusieurs quartiers sensibles du Cap, la deuxième ville du pays, afin d’aider la police à y rétablir l’ordre après une vague récente de meurtres et de violences attribuées aux gangs criminels.
Plusieurs véhicules blindés ont fait leur entrée dans l’après-midi dans les townships de Manenberg et Hanover Park, dans l’est de la mégapole, et des soldats casqués et équipés de leurs fusils d’assaut ont commencé à y patrouiller à pied aux côtés de policiers, ont rapporté des journalistes de l’AFP.
Le chef d’état-major des Forces sud-africains de défense (SANDF), le général Solly Shoke, avait annoncé la semaine dernière l’entrée en scène pour trois mois de « l’équivalent d’un bataillon » dans les townships des Cape Flats, considérés comme l’une des zones les plus violentes du pays.
Le recours aux moyens militaires pour épauler la police est régulier en Afrique du Sud, notamment pour maintenir l’ordre dans les grandes villes pendant les fêtes de fin d’année.
Le dernier déploiement de l’armée au Cap remonte à 2017.
« Les soldats de la SANDF sont déployés pour aider la police à rétablir l’ordre et à maintenir la paix dans des communautés qui sont terrorisés par les gangs », a justifié jeudi le président Cyril Ramaphosa devant le Parlement.
« Nous devons sauver des vies », a ajouté le chef de l’Etat.
L’arrivée des militaires jeudi a été accueillie comme un soulagement par les habitants.
« Quand j’ai vu les camions militaires, c’était fantastique parce que j’ai vu de grands sourires apparaître sur les visages des enfants, je les ai vus danser et chanter », a dit à l’AFP Nadia Hopley, 36 ans, une chômeuse de Hanover Park.
« Les enfants peuvent enfin jouer en paix sans entendre de coups de feu », a poursuivi cette mère de quatre enfants.
« Ils (les criminels) ouvrent le feu comme bon leur semble », a confirmé à l’AFP depuis la cuisine de sa baraque Theresa Jantjies, 45 ans, une voisine.
« C’est comme si nous vivions tous en prison et qu’eux étaient libres. Ce n’est pas chez eux ici, c’est chez nous », s’est emporté l’habitante, « nous devons soutenir l’armée pour reprendre le contrôle de notre communauté, pour l’avenir de nos enfants ».
Selon le ministre de la Police, Bheki Cele, le nombre de meurtres avait progressé de 6,3% en avril dernier dans la province du Cap-occidental, dont Le Cap est la capitale, par rapport au même mois de l’année précédente.
Avec 57 meurtres par jour l’an dernier, soit plus de 20.000 par an, l’Afrique du Sud figure aux premières places du palmarès des pays les plus violents de la planète.
Lors de la publication des statistiques annuelles de la criminalité l’an dernier, le ministre de la Police n’avait pas hésité à comparer certains quartiers du pays à des « zones de guerre ».