La garde à vue des rappeurs Booba et Kaaris a été prolongée jeudi, au lendemain d’une rixe à l’aéroport d’Orly qui illustre une guerre d’egos dépassant une nouvelle fois le cadre des fréquents « clashs » sur les réseaux sociaux.
La star du rap français, 41 ans, et son ex-poulain, 38 ans, vont passer une deuxième nuit en garde à vue dans les locaux de la Police aux frontières (PAF), avec une dizaine de leurs proches ayant pris part à la bagarre, filmée par des voyageurs et abondamment relayée sur les réseaux sociaux.
Le parquet de Créteil a indiqué à l’AFP que les gardes à vue des deux rappeurs et de dix autres personnes avaient été prolongées. « Les exploitations vidéos se poursuivent », et les gardés à vue vont être confrontés aux témoignages et à ces vidéos, a-t-il précisé.
Mercredi après-midi, les clans des rappeurs se sont violemment affrontés dans une zone d’embarquement à Orly, sous les yeux de passagers éberlués voire paniqués, dont certains ont filmé la scène.
La rixe a entraîné de légers retards sur sept vols, affectant 1.083 passagers, a appris l’AFP de source proche du dossier.
« Quand on parle il faut assumer », « va à l’infirmerie », lance Booba, torse nu et bras levé, à la fin de la scène.
Quatorze personnes au total ont été placées en garde à vue pour violences volontaires, dont deux ont été mises hors de cause et relâchées jeudi matin, selon le parquet de Créteil. La grande majorité s’est vu délivrer des interruptions temporaires de travail (ITT) pour leurs blessures, de un à sept jours, a-t-il indiqué.
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, en marge d’un déplacement au Mont-Saint-Michel, a rappelé qu’assurer la sécurité de « quelques millions de passagers » à Orly était « compliqué ».
« Alors si des rappeurs qui, en plus, si j’ai bien compris sont père et fils spirituels, pouvaient éviter de s’interpeller », et de « provoquer l’embouteillage de tout un aéroport, ce serait bien », a-t-il dit devant la presse, se félicitant de leur placement en garde à vue.
– Air France dépose plainte –
Aéroports de Paris a déposé plainte pour « trouble à l’ordre public avec préjudice d’image et financier », ainsi que « mise en danger de la vie d’autrui » car la rixe a empêché la mise en place d’un périmètre de sécurité autour d’un bagage abandonné, a indiqué un porte-parole à l’AFP.
Une seconde plainte a été déposée par Air France qui a chiffré à 8.500 euros son préjudice dû aux retards subis par plusieurs de ses appareils, a-t-on appris de source proche du dossier.
Le gérant de la boutique duty-free, qui a également déposé plainte, a lui fait état de 54.000 euros de dégâts, selon cette même source.
Kaaris « a été pris à partie par Booba qui a insulté son enfant et sa femme. Puis ils se sont tous rués sur lui. On le voit sur les vidéos, ils sont à trois contre un », a déclaré à l’AFP l’un de ses avocats, Arash Derambarsh.
« Du grand n’importe quoi », a répondu sur BFM TV l’avocat de Booba, Yann Le Bras, qui estime que les vidéos montrent que ce sont Kaaris et son groupe qui « viennent de façon très agressive à l’altercation ».
Les deux rappeurs se rendaient chacun de leur côté à Barcelone, où il devaient se produire mercredi soir.
Si à l’origine les rappeurs s’affrontaient plutôt lors de joutes verbales dans les cités, devant un public prêt à acclamer ou +chambrer+, ils ont trouvé sur les réseaux sociaux un nouveau terrain de jeu pour « clasher » leurs rivaux.
Ce « rap game » et ces « clashs » peuvent aller de la simple moquerie à la menace physique, voire au rendez-vous précis donné pour en venir aux mains.
Booba s’est déjà battu en 2013 avec le rappeur La Fouine, à Miami. En 2014, c’est un autre de ses rivaux, Rohff, accompagné de plusieurs personnes, qui a agressé un vendeur distribuant sa marque de vêtements dans une boutique parisienne.