Et de deux: après France 4, c’est la chaîne des Outremers France Ô qui va disparaître de la TNT dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel public, a annoncé jeudi le gouvernement, qui réclame en outre 190 millions d’euros d’économies au secteur d’ici 2022.
Cette suppression de France Ô se fera au profit d’un renforcement des médias publics ultramarins (le réseau des télés et radios Outre-mer 1ères) et d’un « portail numérique enrichi », assure un communiqué des services du Premier ministre, Edouard Philippe.
« La représentation des territoires et des habitants ultramarins doit trouver sa juste place au sein de l’audiovisuel public, non pas à la périphérie – comme c’est le cas aujourd’hui à travers la chaîne France Ô dont l’audience reste encore trop confidentielle, mais par une intégration au sein de la programmation de l’ensemble des autres chaînes de France Télévisions », souligne le communiqué.
« Cette juste représentation doit passer par des engagements de programmation chiffrés et mesurables, qui seront présentés par France Télévisions et intégrés dans son cahier des charges et dans sa feuille de route stratégique dès 2018 », poursuit le texte qui reprend les recommandations d’un rapport d’étape remis la veille aux patrons du secteur.
Le budget de France Télévisions dédié à la coproduction de programmes ultramarins (10 millions d’euros) sera préservé et le réseau des Outre-mer 1ères renforcé, avec un passage à la haute définition, et une nouvelle mission : « renforcer les liens avec les pays de leur bassin régional, des Caraïbes au Pacifique, afin de couvrir l’actualité de ces pays et d’alimenter ainsi les programmes d’information internationale du service public audiovisuel », assure le gouvernement.
Le canal hertzien de France Ô, qui porte le numéro 19, sera libéré en 2020 et remis au CSA, en vue d’une réattribution ultérieure.
L’idée est de proposer sur France 2 et France 3 des programmes traitant de l’Outremer à des heures de grande écoute, a précisé le ministère de la Culture.
La présidente de France Télévisions Delphine Ernotte a rencontré jeudi les équipes de la chaîne, qui emploie environ 50 personnes et dispose d’un budget de 30 millions d’euros.
La ministre de la Culture Françoise Nyssen avait ouvert en juin une réflexion sur l’avenir de France Ô, qui avait conduit la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale à adopter à l’unanimité une motion demandant son maintien sur la TNT.
– 60.000 signatures –
« France Ô et les Outre-mer sacrifiés sur l’autel de la finance », s’est insurgé le Collectif des salariés #SauvonsFranceÔ, dans un communiqué, dénonçant « avec la plus grande fermeté le manque de respect, de volonté et d’ambition pour les Outre-mer ».
« France Ô n’a jamais été valorisée, soutenue et défendue par les directions successives » et « ne peut être la victime de directions incapables de prendre les décisions nécessaires pour améliorer la diversité sur ses antennes », déplore le collectif dont la pétition en ligne « #SauvonsFranceÔ » a pour l’heure recueilli près de 60.000 signatures.
Plus tôt jeudi, Gabriel Serville, député divers gauche de Guyane, avait dénoncé le « mépris » du gouvernement pour les Outre-Mer.
Diffusée sur la TNT, France Ô a succédé à RFO Sat en 2005. Elle a régulièrement été sur la sellette en raison de ses faibles audiences (0,6% en moyenne en 2017, 0,8% en 2016).
Sa suppression devrait permettre à France Télévisions de réaliser une partie des économies qui lui sont réclamées par le gouvernement.
Le groupe devra économiser 160 millions d’euros (par rapport au budget 2018), Radio France 20 millions et les autres entreprises concernées (Arte, Ina, TV5 Monde et France Médias Monde) 10 millions, dans le cadre du vaste plan de réduction des dépenses publiques à horizon 2022.
Et pour 2019, les économies à réaliser seront de 35 millions, dont 25 à la charge de France Télévisions, a précisé le ministère de la Culture.
Mais l’effort réel sera supérieur car l’audiovisuel public devra investir en parallèle 150 millions d’euros dans le numérique sur la période (contre environ 80 millions actuellement), sans compter la hausse mécanique de certaines charges (hausse des salaires, inflation…) chiffrée à 160 millions d’euros par une source proche du dossier.
En outre, les groupes devront maintenir les investissements dans la création (560 millions d’euros pour France Télévisions et Arte), a rappelé le ministère, et tripler la programmation régionale sur France 3 grâce notamment à des rapprochements avec France Bleu.
Pour rappel, le budget total de l’audiovisuel public était de 3,9 milliards d’euros en 2018.