dimanche, décembre 15, 2024
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Un conflit tribal qui pourrait avoir fait 3.000 morts fragilise le Soudan du Sud

Un conflit tribal qui pourrait avoir fait 3.000 morts fragilise le Soudan du Sud
Plus de 3.000 personnes ont été tuées dans des violences interethniques la semaine dernière au Soudan du Sud, selon un responsable local, un bilan qui en ferait les pires tueries de l’histoire de ce jeune Etat fragilisé par les rivalités tribales. « Nous avons compté les corps, et nous avons calculé à ce stade que 2.182 femmes et enfants, ainsi que 959 hommes, ont été tués », a affirmé Joshua Konyi, chef de l’administration de la région de Pibor, une localité située dans l’Etat de Jonglei, frontalier de l’Ethiopie, théatre des violences.
Ce bilan de 3.141 morts n’a pas été confirmé de source indépendante, la dernière estimation des Nations unies portant le nombre de morts à des dizaines et « peut-être » des centaines de personnes.
Mais des affrontements et des vendettas opposent depuis des années deux tribus dans cette zone de l’est du pays, les Lou Nuer et les Murle, causant de nombreuses victimes.
Les conflits interethniques constituent l’un des principaux défis auxquels le Soudan du Sud, qui a accédé à l’indépendance en juillet dernier, doit faire face. Ils ont été exacerbés par deux décennies de guerre civile entre le nord et le sud du Soudan, qui ont nourri les inimitiés historiques entre les différentes tribus, parfois instrumentalisées par Khartoum.
Dans le seul Etat de Jonglei, les attaques de campements visant à voler des bêtes et les opérations de représailles y ont fait en 2011 plus de 1.100 morts et forcé quelque 63.000 personnes à quitter leur village, selon un rapport de l’ONU. En août, au moins 600 personnes ont été tuées et 985 blessés lors d’une attaque de Murle contre des villages Lou Nuer.
Pour se venger, quelque 6.000 jeunes hommes armés Lou Nuer ont marché la semaine dernière sur la localité de Pibor et ses environs, peuplés par leurs rivaux. Ils ne se sont retirés que lorsque l’armée du Soudan du Sud a ouvert le feu.
« La guerre n’est pas finie »

« Il y a eu des meurtres en série, un massacre », a rapporté M. Konyi, lui-même un Murle. Selon lui, plus d’un millier d’enfants sont aussi portés disparus, sans doute enlevés par les Lou Nuer, et des dizaines de milliers de têtes de bétail ont été volées.

Un conflit tribal qui pourrait avoir fait 3.000 morts fragilise le Soudan du Sud
« Il y a bien eu des victimes, mais nous ne disposons pas de précisions et nous ne pouvons pas à ce stade confirmer les affirmations du chef de l’administration locale », a commenté le ministre de l’Information de l’Etat de Jonglei, Isaac Ajiba, interrogé par l’AFP.
Le porte-parole de l’armée du Soudan du Sud, Philip Aguer, a également indiqué attendre les rapports de ses soldats sur place, affirmant « qu’il fallait aller dans les villages compter tous les corps pour qu’un bilan soit crédible ».
Les Casques bleus et le personnel de la mission de l’ONU au Soudan du Sud (MINUS) ont pour leur part « vu plusieurs douzaines de corps » dans la seule ville de Pibor, a indiqué jeudi le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous.
Dans un communiqué jeudi, un groupe se faisant appeler l’Armée blanche Nuer a prévenu que « la guerre (n’était) pas finie ». « Nous prévoyons que les Murle vont attaquer les Nuer et les Dinka (une autre tribu de la région, ndlr) pour se venger de l’offensive que nous avons lancée », avertit le texte. « S’ils le font, nous mènerons des attaques surprises qui mèneront à de nouveaux bains de sang et mouvements de population », a menacé ce groupe.
Le gouvernement a d’ores et déjà qualifié l’Etat de Jonglei de « région sinistrée » et appelé les deux tribus à « ramener toutes les femmes et enfants enlevés des deux côtés ».

AFP

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